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NATIONS INDIENNES

 

 

Il y a plus de 14,000 ans, les ancêtres des indiens des plaines émigrèrent de l'Asie vers le continent américain. Ils s’installèrent tout d'abord dans la région des Grands Lacs. Puis au 17ème siècle, ils furent chassés vers les plaines centrales des USA et du Canada sous la poussée de tribus plus puissantes et aussi par la colonisation européenne.
Ces tribus étaient des chasseurs nomades qui suivaient les grands troupeaux de bisons et faisaient du troc avec les autres tribus. Vers les années 1870, la pression des colons blancs se fit plus intense. C'est le Général Custer d’armée américaine qui commença à construire des forts militaires répartis sur ces territoires. Sa mission était de prévenir l'incursion des blancs en territoire Sioux. Ce fut le contraire qui se produisit puisque c'est Custer qui découvrit le premier de l'or dans les Black Hills, déclenchant ainsi une ruée vers l'or en territoire indien. Les relations avec les blancs étaient alors tendues. Il se produisit de nombreuses escarmouches. Un massacre survenu dans un village Sioux déclencha une guerre qui devait durer plus de trente ans.

Les nations indiennes des plaines du Mid-West
De nombreuses tribus vivaient alors dans ces plaines qui s'étendaient du Texas au sud jusqu'en Alberta au Canada dans le Nord. Il y avait entre-autre des Cheyennes, des Sioux, des Crows, des Blackfoot. La population totale représentait environ 200,000 personnes. Ces tribus parlaient des langues différentes, même si certaines avaient des mots ou des sonorités voisines. Une tribu se divisait elle-même en plusieurs clans. On ne se mariait pas au sein du même clan, lorsqu'un homme se mariait il partait s'installer dans la communauté de son épouse.

NATION SIOUX

 

Village indien Sioux

La vie au village Sioux
Les Sioux trouvait leur subsistance par la chasse, ils devaient se déplacer souvent pour suivre la migration des troupeaux de bisons. Les Sioux vivaient dans des tipis, abris légers et résistants, facilement démontables. Les peaux de bisons étaient utilisées pour faire les tipis. Le tipi et les accessoires appartenaient à la femme qui devait le fabriquer, le transporter et le mettre en place. Il fallait de entre 12 à 20 peaux de bisons pour fabriquer un tipi. Les hommes qui s'étaient honorés au combat peignaient leurs exploits ou des symboles sacrés sur le tipi.

 

Les hommes de la tribu, guerriers et chasseurs!
Les hommes étaient chargé de la protection du village, c'est pour cela que les femmes s' occupaient des travaux domestiques puisque eux devaient être prêts à défendre le village à tout moment, ils ne pouvaient donc pas être pris au dépourvu avec les tâches domestiques. Les hommes devaient aussi prendre soin des chevaux. C’étaient leurs biens les plus précieux et ils devaient constamment être sur leurs gardes à cause des voleurs. Par ailleurs, le vol de chevaux n’était pas considéré comme du vol, mais plutôt comme un acte de bravoure. C'était aussi de responsabilité des hommes de pourvoir aux besoins de la famille. Ils chassaient donc le bison, animal qui était indispensable à la survie de la tribu. Chaque partie de l'animal était utilisée, des cornes aux sabots.

Les armes pour la chasse et la guerre
Les hommes fabriquaient eux-même leurs armes. Les flèches étaient peintes aux couleurs de leur propriétaire afin que chacun sache quel animal il avait tué à la fin d'une chasse. L'art de la guerre occupait une place importante dans la culture des indiens. Les Sioux et les Blackfoot avaient d'ailleurs une forte réputation de guerriers, ils étaient craints par les autres tribus. Les Sioux se battaient pour protéger et pour conquérir de nouveaux territoires, mais aussi par vengeance. Mais la guerre avait aussi un aspect cérémonial et spirituel pour ces hommes. Les garçons apprenaientà se battre à partir de l’âge de treize ans. Ils participaient alors à des raids pour voler des chevaux jusqu'à ce qu'ils aient amassé suffisamment de biens pour pouvoir se marier (ils leur fallait verser une dote au père de leur fiancée).

Fumer le calumet

Avant de partir en expédition les indiens fumaient le calumet. Ces longues pipes étaient sacrées et souvent décorées avec soin. Les indiens fumaient un mélange de tabac et d’herbes aromatiques. Le fait de fumer permettait de créer une harmonie avec les éléments spirituels. La fumée symbolisant la prière, le cadeau ou la demande d’aide du Grand Esprit. Les braves se mettaient sous la protection de leur animal fétiche (ours, loup, tortue, corbeau), des forces de la nature (éclair, tonnerre, feu), ou du Grand Esprit. Ces symbolesétaient peints ou représentés par des motifs de perles, voir encore gravés ou constitués de peaux et de fourrures. Ils apparaissaient sur les vêtements, sur les armes, sur les chevaux. Les symboles religieux étaient directement peints sur le corps du guerrier.
Les combats ressemblaient le plus souvent à des escarmouches qu'à de vraies batailles. A cette époque, l’important n'était pas de tuer l’adversaire mais de le toucher ou compter un coup. L’auteur"d'un coup" pouvait alors porter une plume d'aigle en récompense, un peu comme nos soldats reçoivent une médaille.
Une façon de compter un coup était de toucher son ennemi avec la main. Le mieux était de toucher un ennemi vivant et armé, mais s'il était blessé ou mort, cela comptait aussi. En sens inverse, le fait d' avoirété "touché" pour un guerrier lui faisait perdre beaucoup de son statut. Dans certaines tribus, prendre le cheval ou l’arme d'un ennemi apportait plus de gloire que de le tuer.

 

Le scalp de l'ennemi!
Mais tout cela allait changer avec l'arrivée des blancs, eux se battaient pour tuer. Ce sont les blancs qui commencèrentà scalper les indiens et non l'inverse. A cette époque le gouvernement offrait une récompense pour chaque scalp d'indien sans distinction; homme, femme ou enfant. Les indiens ont par la suite repris cet usage à leur compte.

Rôle des femmes dans la tribu Sioux
Les femmes se levaient les premières pour ranimer le feu, de chercher de l'eau et préparer le repas du matin qui était généralement constitué de viande bouillie. Les indiens pratiquant peu d’agriculture, les femmes intégraient donc aux repas des fruits sauvages, des noix, des plantes et des racines comestibles. La famille faisait en général deux repas par jour, le premier en milieu de matinée, le second en fin d'après-midi. Leur mode de vie nomade impliquait que la nourriture soit séchée pour être conservée. La viande et les fruits étaient suspendus jusqu'à ce que le soleil les ait complètement séchés. Plus tard, ils pouvaient être bouillis pour les attendrir à nouveau. L’été était la saison propice pour le tannage des peaux. Les femmes fabriquaient les vêtements, les mocassins, les selles et divers objets et outils. Elles se servaient de piquants de porc-épic et de perles pour décorer les vêtements. Les femmes les plus habiles étaient admises au sein de sociétés particulières, elles seules étaient autorisées à fabriquer des objets religieux; celles-ci avaient un statut important au sein de la tribu. Malgré des journées de travail intense, les femmes savaient rester coquettes. Après un bain dans la rivière toute proche, elles adoucissaient leurs cheveux, et parfois leur corps avec de la graisse d’ours.

Les enfants de la tribu
Quand un enfant venait au monde, le cordon ombilical était séché puis était déposé dans une amulette. Il représentait le lien qui unit l' enfantà sa mère, et à travers sa mère au reste de la tribu et au Grand Esprit. Un membre de la famille très respecté était chargé de donner un nom à l’enfant. Garçons et filles recevaient les noms d'ancêtres ou de héros de la tribu. Une fille recevait un seul nom qui ne changeait pas lorsqu'elle se mariait, mais un garçon pouvait avoir plusieurs noms tout au long de sa vie. Ils lui seraient donnés par les autres pour ses exploits ou révélés dans un rêve ou une vision. Les enfants jouaient souvent par imitation: ils s' entraînaientà leur futurs rôles d'adultes. Les garçons chassaient et se battaient, et les filles jouaient à la poupée ou avec des tipis miniatures. Il existait aussi des jeux de dés, des jeux de balles ou avec des bâtons (ce qui ressemble au Hockey ou à la crosse).

 

Le pouvoir spirituel des guérisseurs
Les indiens croyaient que chaque chose dans le monde fait partie du Grand-Esprit. Il y avait parfois dans les tribus deux sortes de guérisseurs (le rôle est souvent tenu en fait par une seule et même personne). Les docteurs étaient rémunérés quand ils soignaient, réduisaient une fracture, appliquaient des cataplasmes, prescrivaient certains remèdes ou recousaient des blessures. Leurs actes étaient souvent très théâtraux pour convaincre le malade de leur pouvoir. Il y avait aussi les chamans, médecine man ou médecine woman, qui étaient plus attentifs aux besoins spirituels. Ces pouvoirs leur avaient été donnés par le Grand Esprit à travers des rêves et des visions. Chaque chaman possédait des objets protecteurs tels que peau d'ours, sac médecine décoré avec des piquants de porc-épic, bâton sacré, hochet. Un objet médecine était sacré parce que bénit par un saint homme ou utilisé lors d'une cérémonie religieuse.

 

Guerrier Sioux

La quête d'une vision
La quête d'une vision mène au pouvoir spirituel. La personne en quête d'une vision quittait le camp et partait pendant 4 jours au cours desquels elle devait jeûner et prier, espérant recevoir un signe divin. Ce signe viendrait sous la forme d'un animal, d'un oiseau, d'un rocher ou d'un arbre. Un animal vu dans un rêve ou une vision pouvait être peint sur le bouclier du guerrier en signe de protection.

 

Les danses
Les danses étaient (et sont toujours) une partie importante de la vie sociale et spirituelle de la tribu. Les indiens pensent que danser renouvelle l’esprit de la Terre, le nombre d’animaux et la qualité des récoltes; elles maintiennent la force de vie au sein de la tribu. Tout le monde doit danser des plus jeunes aux plus âgés. Les sociétés de guerriers comme les guildes féminines avaient leurs propres danses. Les danses du scalp pouvaient durer plusieurs jours, elles célébraient une victoire guerrière. Des hommes portant des masques en forme de tête de bison pratiquaient "la danse du bison" qui décrit une chasse. Elle était exécutée quand la nourriture se faisait rare afin de ramener les troupeaux de bisons. Pendant que certains dansaient, les jeunes chasseurs quittaient le village à la recherche des animaux.

Le troc
Il existe une longue tradition commerciale dans les tribus des plaines qui échangeaient des biens entre elles, puis avec l'homme blanc. Les indiens comprirent vite l’intérêt des haches en métal, des instruments de cuisine et des armes à feu qui rendaient leur survie bien plus facile. Les chevaux étaient les biens qui avaient la plus grande valeur: un cheval exceptionnel pouvait valoir jusqu'à 10 carabines. Un cheval normal s’échangeait contre une carabine avec 100 cartouches ou 8 peaux de bisons. En échange d’une peau de bison, on pouvait avoir trois couteaux ou 25 cartouches. Si la peau est décorée elle pouvait être échangée contre trois chevaux de transport. Les indiens disposaient aussi de peaux de loup et de castor ainsi que de pemmican (mélange de viande séchée, de graisse et de fruits) qu'ils échangeaient contre des coquillages ou des perles ; tous les biens amenés par les blancs étaient fabriqués à des milliers de kilomètres de là, dans le New-Jersey sur la côte Est des Etats-Unis. Certains objets étaient importés d'Italie (perles en verre), de Chine (peinture rouge), de Grande-Bretagne (armes à feu, couteaux, haches, couvertures), de France (bagues en cuivre). Les commerçants blancs voyageaient de village en village où installaient des postes de vente en territoire indien. Ces postes se multiplièrent au 19ème siècle avec la vente des fourrures.

Kitching Bear

L'arrivée des blancs marquant le début de la fin du style de vie nomadique qui dura enrivon 150 ans, les 25 dernières années étant des années de guerres et de conflits avec ces nouveaux venus. Les guerres indiennes durèrent de 1854 à 1890.
Les trappeurs blancs furent les premiers à entrer en contact avec les indiens. On les connaissait sous le nom de "mountain men" et leurs relations avec les indiens étaient plutôt amicales, beaucoup apprenant d'ailleurs les langages autochtones. Les indiens s’entendaient bien avec les commerçants dont ils appréciaient les produits. Tant qu'il y avait suffisamment de bisons, et qu'ils ne prenaient pas leurs terres, les colons et les soldats ne posaient pas de problème. Les indiens toléraient leur présence. Mais les blancs amenèrent les maladies comme la rougeole, la variole, et le choléra ainsi que l’alcool qui tuèrent grand nombre de personnes.
Les années qui suivirent la victoire des indiens Siting Bull  sur Custer à Little Big Horn en 1876 voit aussi disparaître la culture nomade et la chasse au bison. Beaucoup d'indiens furent déplacés dans des réserves souvent loin de leurs terres natales et loin des terres les plus fertiles, accaparées par les fermiers blancs. Les enfants étaient envoyés dans des écoles où on les habillait à l’européenne, on les convertissait au Christianisme et on leur interdisait de parler leur langue natale.


 

 NATION BLACKFOOT 

 

Chef Indien Red Crow

L’enfance d'un futur grand Chef
Red Crow avait 2 soeurs, 3 demi-frères, plusieurs demi-soeurs (la polygamie était coutumière chez les indiens). Il eut plusieurs noms tout au long de sa vie, à la naissance on l’appelait"Captured the Gun Inside" en hommage à un exploit de son grand-père. Les noms donnés aux enfants appartenaient à la famille et un jeune homme devrait gagner un nouveau nom par ses exploits. Les filles conservaient leur nom de naissance toute leur vie. Red Crow fut d'abord élevé par sa mère et les autres épouses de son père. Quand il fut en âge de parler, les hommes de sa famille prirent la relève. C'est ainsi que son savoir de la chasse et de la guerre lui fut transmis par son père, Black Bear, son grand-père, Two Suns, et son oncle Big Plume. L’instruction se faisait à travers le récit d’histoires dont le héros se nomme Napi. Ces histoires contenaient toujours une leçon. Napi est un personnage mythique qui personnifie toutes les forces et faiblesses de l’être humain, et qui dispose de pouvoirs surnaturels.

 

Sa première vision; un animal protecteur
Red Crow était encore un enfant quand vint à lui son premier protecteur spirituel. Il aperçu un chien de prairie (sorte d’écureuil terrestre) à quelque distance du camp et parti à sa poursuite avec son arc et ses flèches. Mais l’animal se précipita dans son terrier. Red Crow refusa d’abandonner et se posta à l’entrée du terrier. Il finit par s'y s’endormir. Le chien de prairie vint lui rendre visite en rêve et lui dit : "Mon garçon, comme tu ne peux pas me tuer avec tes flèches, tu dois m’attraper avec tes mains. Si tu t'en vas, je pourrais alors sortir de mon trou, et je vais sortir parce que j'ai faim. Alors, tu pourras m’attraper". Puis le petit animal lui donna un conseil pour l’avenir. Il devrait attacher un brin d’herbe dans ses cheveux pour être protégé des blessures, mais si jamais le brin d' herbeétait atteint par une balle alors Red Crow pourrait être blessé dans la bataille. Le chien de prairie lui déconseilla également d’exposer une partie de son corps au soleil comme c'était la coutume pour certains guerriers car cela lui porterait malheur. Quand Red Crow se réveilla, il décida de suivre les conseils reçus dans sa vision. Le chien de prairie finit par sortir de son terrier pour manger. Red Crow lui laissa pourtant la vie sauve car il était maintenant devenu son animal protecteur. Les animaux protecteurs étaient peints par les guerriers sur leurs tipis. Red Crow posséda plusieurs tipis qui portaient tous des signes religieux. Tous étaient inspirés de rêves ou de visions, d’expériences vécues. Le motif le plus connu était "The Middle painted Lodge", qui consistait en une large bande rouge parsemées de dessins de loutres, placés à mi-hauteur tout autour du tipi. Un autre était "The Gambling Painted Teepee", qu'il avait reçu de son oncle Seen From Afar et qui portait des pictographes relatant les exploits des deux guerriers.

Grand Sachem Indien

La vie du grand guerrier
Dans les années 1840 et 1850, vivre en pays Blackfoot était dangereux, les indiens Blackfoot effectuaient souvent des raids contre les tribus ennemies, les postes de traite des blancs et les missionnaires. Les Blackfoot disposaient de chevaux, d’armes et d’immenses troupeaux de bisons. A cette époque Red Crow avait à son actif une douzaine de raids contre les Cree, Crow, Shoshone et Nez-Perce. Red Crow connaissait l'art de la guerre. Il disait à ses hommes qu’avant et après un raid, les jeunes hommes ne devaient pas manger la viande des côtes ni les jarrets du bison parce que les parties correspondantes de leur propre corps s’en trouveraient affaiblies. Personne ne devait fumer avant un raid de guerre parce que fumer avait tendance à donner soif et à couper
le souffle. Chaque membre du groupe devait emmener tous les vêtements sacrés qu'il possédait comme les coiffures de guerre, boucliers, beaux habits, etc. Tout cela devait être transporté à dos d’homme avec 10 à 15 paires de mocassins de rechange. Comme les hommes ne s’encombraient pas d’ustensiles de cuisine, ils emportaient de la viande séchée.

 

 Le gibier tué en route étant consommé sur place Au printemps 1865, les frictions entre les Blackfoot et la communauté blanche de plus en plus nombreuse explosèrent en une guerre ouverte. C'est une épidémie de rougeole qui déclencha des hostilités, la maladie décimant une grande partie de la population indienne et les blancs en étaient responsables. Un groupe de guerriers se mit en route pour Fort Benton en avril 1865 et y vola 40 chevaux en compensation. Les blancs décidèrent en retour de se venger et de porter leur colère sur tous les indiens qu'ils croiseraient. Un chef Blood qui fut exécuté et son corps fut jeté dans le fleuve Missouri. Quand la nouvelle arriva au camp des Bloods qui étaient installés sur la Belly River, ils formèrent eux-aussi une expédition punitive. La vengeance chez les indiens était très simple: il fallait tuer le plus d’ennemis possible. Les victimes n’avaient pas besoin d'être ceux qui avaient commis le crime, le fait qu'ils appartenaientà la même tribu suffisait à assouvir leur vengeance. Dans cette situation, n' importe quel visage pâle ferait l’affaire. Le beau-père de Red-Crow était le meneur du groupe. Il s’appelait Calf Shirt, il aurait réuni 200 guerriers. La bande découvrit un groupe de bûcherons près de Fort Benton et les tua tous. Ce fut le début d'une guerre qui dura quatre ans.

 

L'homme: ses qualités, ses défauts
Outre les maladies et les guerres, le whisky fut une autre cause de mortalité chez les indiens, sans parler des problèmes causés au sein des tribus et des familles. Red Crow ne rechignant pas à se saouler pendant des jours entiers et pouvait ensuite rester sobre pendant des semaines. L’alcool faisait partie de sa vie comme pour son oncle Big Plume, son beau-père Calf Shirt et ses frères Kit Fox et Sheep Old Man. En 1872, Red Crow pensait qu'une de ses femmes avait une liaison avec son frère Kit Fox. Un jour alors qu'ils étaient saoul tous les deux, ils commencèrent à se disputer à ce sujet. Kit Fox savait que son frère était très sensible quant à son apparence physique et son visage qu'il trouvait laid. Red Crow ne put supporter cette insulte et prit de colère attrapa Kit Fox par les cheveux et lui brisa le crâne. Malgré ces épisodes violents, Red Crow fut un bon chef pour la tribu. Durant l’hiver 1879-80, il dut se rendre à l’évidence que les blancs étaient maintenant venus en grand nombre alors que les troupeaux de bison étaient décimés. Les Bloods devaient changer de vie. Red Crow décida de se rendre à Fort MacLeod au Canada pour des pourparlers avec le commissaire des affaires indiennes. Il voulait définir les frontières d'une réserve qui devrait se situer sur les rives des rivières Waterton et Belly jusqu' aux Belly Buttes en Alberta. Plus de 800 indiens étaient avec Red Crow. Suivant son exemple, ils commencèrent à construire des log-houses (maisons en en rondins de bois). Red Crow ne se soumettait pourtant pas à l'homme blanc, il savait que leur ancien mode de vie ne reviendrait jamais et voulait simplement tirer le meilleur de ce que la culture blanche pouvait leur apporter. Par exemple quand l’église construisit une école sur la réserve, Red Crow y envoya ses enfants. Red Crow était un personnage à multiples facettes, autant il pouvait être un féroce guerrier ou boire pendant des jours, autant c'était un homme de coeur comme le prouve l’histoire suivante: Une jeune fille Blackfoot du nom de Short Woman vivait avec un commerçant blanc à Fort Benton, mais ce dernier l’abandonna quand elle tomba enceinte. Un livreur du nom de Joe Beebe qui était lui-aussi marié à une indienne la prit en pitié et l’emmena jusqu'au camp de Red Crow. Elle y donna naissance à des jumeaux. Comme elle n’avait pas assez de lait pour nourrir les deux enfants, elle prit le plus petit des deux, l’enveloppa avec soin et l’emmena dans les bois où elle le déposa dans un arbre. Le froid et la neige feraient mourir le bébé. Singing Before, une des cinq épouses de Red Crow qui ne pouvait lui donner d'enfant, eut vent de la nouvelle et demanda à son époux l'autorisation d’adopter le nouveau né. Il donna son accord et trouva deux femmes qui avaient suffisamment de lait pour nourrir cet enfant. Le bébé fut nommé Shot Close et devint un des favoris du chef.

 

Red Crow est dédié à la cause de son peuple
Tout au long de sa vie, Red Crow fit en sorte d'être un guerrier et un leader avisé. Même s'il avait du mal à comprendre le comportement des hommes blancs, il réalisa vite que ses hommes ne pourraient empêcher la progression des colons et des trappeurs. Il devait donc en tirer le meilleur de cette nouvelle civilisation, apprendre des nouvelles techniques. Le temps du bison était terminé.

CRAZY HORSE L’HISTOIRE D’UN GRAND CHEF INDIEN

 

Il semblerait que l'histoire de Crazy Horse commence vers 1840 ou 1841, dans les plaines herbeuses près de la rivière Belle Fourche (petite localité au nord des Black Hills dans le Dakota). Il serait né d'un père Oglalas et d'une mère Minneconju. Crazy Horse avait cependant la peau claire et des cheveux frisés, si bien que certains ont pu croire qu'il était plutôt métis. Son nom d’enfance fut d'ailleurs Curly Hair ce qui veut dire Cheveux Bouclés. Il semble que le jeune Crazy Horse fut témoin du massacre de Grattan en août 1854 près de Fort Laramie dans le Wyoming. C'est là que le jeune lieutenant John Grattan et ses soldats furent tués par les Lakotas alors qu'ils tentaient d'arrêter un guerrier accusé de voler du bétail.

 

Chef de guerre Oglalas

Peu après ce massacre, le jeune Crazy Horse eut une vision: il y vit un guerrier à cheval émerger d'un lac. Cheval et cavalier flottaient dans les airs. Le visage de l'homme ne portait aucune peinture de guerre, il avait cependant une petite pierre brune attachée derrière une de ses oreilles. Il avait aussi une plume d'aigle piquée dans ses cheveux. L'homme s'adressa à Crazy Horse dans un langage inconnu. Il lui demanda d'enduire son poney de poussière, poussière dont il couvrirait lui-même son corps et ses cheveux avant les combats. Ceci le protégerait des balles et des flèches. Le cavalier fantôme flottait haut dans les airs, hors d'atteinte des flèches et les balles. Lorsque son propre peuple essayait de l'attraper, le cavalier se libérait à chaque fois. Un orage éclata, un éclair frappa la joue de l'homme et son corps fut criblé par la grêle. Quand l'orage s'apaisa, son peuple le rattrapa et l'agrippa. Crazy Horse raconta sa vision à son père qui lui expliqua que le cavalier c'était lui, qu'il deviendrait le chef de son peuple et qu'il ne mourrait pas au champ de bataille. Crazy Horse resta fidèle à cette vision tout au long de sa vie, il s'habillait comme le cavalier allant même jusqu'à attacher la petite pierre brune derrière son oreille et peindre un éclair sur sa joue gauche et des grêlons sur son corps. Il ne portait pas de coiffure de guerre mais une seule plume d'aigle plantée dans ses cheveux, la pointe vers le bas contrairement aux autres guerriers.

 

C'est vers la fin des années 1850 que Curly Hair devint Crazy Horse. D'après son ami He Dog (il-chien), il gagna le droit de porter ce nom (qui fut aussi le nom de son père) dans un engagement contre les indiens Arapahos. Il chargea ses ennemis à travers une grêle de flèches et de balles, exactement comme l'avait fait le cavalier de sa vision. Lors de sa dernière charge, deux guerriers Arapahos vinrent le défier. Crazy Horse tua les deux hommes. Lorsqu'il mit pieds à terre pour s'emparer des scalps des guerriers, son cheval prit peur et s'enfuit. L'histoire dit qu'il dut rentrer à pied alors que des volées de flèches passaient au dessus de sa tête, il avait cependant les scalps à la main. Pour célébrer son courage, le père de Crazy Horse organisa une fête où il lui offrit son propre nom.


 

Fort militaire Fort C. E. Smith

En 1865, Crazy Horse fut choisi par les siens pour être un des chefs de la tribu Oglalas. Peu après débuta la guerre menée par le chef Red Cloud (Nuage rouge). Red Cloud voulait stopper la progression des colons blancs qui arrivaient sans cesse plus nombreux sur la fameuse la piste Bozeman. Il y eu de nombreuses escarmouches avec les blancs. L'année suivante, l’armée américaine construisit 2 forts sur la piste Bozeman; Fort Phil Kearny. Ces forts et leurs fameuses "tuniques bleues"devaient offrir protection aux colons. Red Cloud harcelait les blancs qui s'aventuraient hors des forts lors d’embuscades souvent meurtrières. En décembre de cette même année, des guerriers Minneconjous, Oglala Lakotas, Cheyennes et Arapahos se rassemblèrent sous le commandement de Red Cloud, alors accompagné de Crazy Horse. Dix hommes (certains disent que Crazy Horse en faisait partie) s'embusquèrent près du Fort Phil Kearny, alors qu'un autre groupe de guerriers s'en prit aux colons qui étaient à l’extérieur du fort. Le capitaine William Fetterman à la tête d'un détachement de 80 soldats fut envoyé pour secourir les colons. C'est ce qu’attendait le petit groupe de guerriers embusqués pour se montrer. Bien évidemment, le capitaine engagea immédiatement la poursuite fatale qui se termina à un endroit nommé Lodge Trail Ridge, à plusieurs km du fort. Plus de 2,000 guerriers avaient préparé une embuscade et les attendaient là.

C'est vers 1872 qui Crazy Horse devint le chef de guerre des Oglalas. La date exacte n'est pas connue, mais He Dog raconte que c'était bien avant la fameuse bataille de Little Big Horn. En août 1872, Crazy Horse et Sitting Bull menèrent ensemble une attaque contre un groupe de 44 soldats qui escortaient une équipe de topographes de la Société des chemins de fer de la Northern Pacific. Crazy Horse chargea l'ennemi au mépris des balles qui sifflaient autour de lui, son cheval fut tué et une fois encore il fut à pieds.

 

 

En 1875, ils y eu des pourparlers entre les Lakotas et les représentants des Etats-Unis au sujet des Black Hills. L'année précédente, le lieutenant-colonel George Custer découvrit de l'or dans les monts des Black Hills. Paradoxalement, la mission de Custer était d'arrêter et d’expulser les quelques prospecteurs blancs qui commençaient à arriver dans les Black Hills. A cette époque, les Black Hills appartenaient légalement aux indiens d'après un traité signé précédemment. En échange des Blacks Hills et des territoires du Dakota (Dakota Nord et le Dakota Sud), les indiens devaient simplement laisser passer les colons qui se rendaient dans l'Orégon par la fameuse la piste Bozeman. La découverte de l'or se transforma vite en ruée, les aventuriers affluèrent alors par milliers dans les Black Hills.

 

Cet or changea vite les bonnes intentions du gouvernement américain. Celui-ci voulait conclure un nouveau traité avec les indiens pour leur soustraire ces fameuses Black Hills.> Les Black Hills étant cependant une terre sacrée pour les indiens, Crazy Horse et ses guerriers était près à se battre pour les défendre. Le Président Ulysses S. Grant, dans un effort pour évincer les indiens des Black Hills ordonna à ceux-ci de se rendre auprès des agences indiennes. Tous ceux qui s'y refusèrent purent être considérés comme hostiles et pouvaient justifier une intervention militaire.

 

Anson Mill’s 1834-1924

En 1876 à Rosebud Creek dans le Sud du Montana, Crazy Horse mena ses guerriers Lakotas et Cheyennes contre les 1,260 soldats et ennemis Crows et Shoshones alors sous les ordres du Général George Crook. Crazy Horse espérait attaquer le premier, mais ces braves furent découverts par les éclaireurs de Crook. Essayant de tirer avantage de la situation, le capitaine Anson Mills mena une première charge contre les Lakotas. D'après un témoin, les Lakotas contre-attaquèrent et mirent les soldats en fuite. Dès lors, la bataille fut une suite de charges de part et d'autres. A la tombée de la nuit, les Lakotas et les Cheyennes y mirent fin, Crook ordonna alors la retraite. Les deux camps clamèrent la victoire. La bataille avait coûté la vie à 9 soldats et 20 indiens, elle avait aussi fait 23 blessés.

 

Curley, l'éclaireur de Custer

Quelques jours plus tard, le colonel Custer et son 7ème de cavalerie attaquèrent un grand rassemblement indien sur la rivière Little Big Horn dans le Montana. Crazy Horse et Sitting Bull s'y trouvaient avec leurs guerriers Lakotas, Cheyennes et Arapahos. Bien que très inférieur en nombre, Custer ordonna à ses hommes (qui venaient de faire une marche forcée de 70 km) d’attaquer le campement. Dès le début de l’attaque, Crazy Horse et ses guerriers se portèrent à la rencontre des soldats. La bataille fut de courte durée. Custer fut abattu, certains soldats se suicidèrent, les guerriers tuèrent les autres. Seul le cheval de Custer survécu à la bataille. Certains se demandent pourquoi les indiens Crows servaient d’éclaireurs à l’armée américaine pour l’aider dans sa guerre contre les indiens (et ultime contre eux-même). L’explication est simple, les Sioux étaient en guerre contre les Crows depuis longtemps. Supérieur en nombre, les Sioux avaient dépossédé les Crows d'une partie de leurs territoires, ces derniers voulaient simplement les récupérer. Pour cela, ils se sont alliés avec les ennemis des Sioux; les tuniques bleues. Par la suite, les Crows gagnèrent leur cause et récupérèrent leurs territoires perdus; Little Big Horn et son champ de bataille sont aujourd'hui une réserve Crow.

 

La défaite de Custer fut aussi la dernière victoire des indiens libre. Crazy Horse tenta de résister, mais l’implacable armée américaine (et la famine aussi puisqu 'il n'y avait déjà plus de bisons) finit par obliger Crazy Horse et ses hommes de se rendre.

 

Memorial de Crazy Horse

Crazy Horse mourut en 1877 alors qu'il se rendait au camp des soldats. Il y eu des rumeurs déclenchées par quelques petits chefs indiens qui jalousaient le prestige de Crazy Horse. Ces rumeurs disaient que Crazy Horse était prêt à repartir sur le sentier de la guerre. Crazy Horse dut se rendre au fort pour s'expliquer. Mais son sort était jeté, il y eu une discussion, des malentendus (il semblerait que l’interprète indien de Crazy Horse ne traduisit pas très fidèlement les paroles de celui-ci). Il y eu une bousculade, le meilleur ami de Crazy Horse le ceintura alors qu'un soldat lui plongeait une baïonnette dans le corps (dans sa vison, son peuple le rattrapa et l'agrippa).

 

Il fut enterré et son corps fut déplacé à plusieurs reprises pour éviter qu'il ne soit découvert. Plus tard, un Lakota du nom de Black Elk (élan Noir) dira que le lieu de la sépulture est sans intérêt. Le lieu de la tombe n'est pas très important, ce n'est que de l’herbe; mais là où se trouve son esprit, là est le bon endroit. Il y a aujourd'hui un mémorial à l'honneur de Crazy Horse dans les Black Hills.


 

LES TRIBUS INDIENNES D’AMÉRIQUE DU NORD

 

Les Arapahos 
Certaines vieilles traditions laissent supposer que les Arapahos vivaient dans des villages permanents dans les régions forestières de l'Est du continent ; ils y pratiquaient l'agriculture. Quand ils ont été repoussés à l'ouest, ils se sont divisés en plusieurs groupes allant vers le nord et au sud. Les Arapahos étaient proches des Cheyennes avec lesquels ils combattirent contre le lieutenant colonel George Armstrong Custer à Little Bighorn. Au 20ème siècle, leur population était de 2,000 sur leur réserve du Wyoming, et un peu plus de 3,000 dans l'Oklahoma.

La vie quotidienne
Comme les autres tribus des indiens des plaines, les Arapahos étaient des nomades, vivant dans des tipis. Ils suivaient les troupeaux de bisons, leur principale source de nourriture. Ils faisaient du commerce avec d'autres tribus comme les Mandans et les Arikara. Ils étaient aussi profondément spirituels. Chaque objet ou action avait un symbole religieux important. Comme les Sioux, ils pratiquaient le Sun Dance (la danse du soleil). Plusieurs histoires anciennes font référence à une pipe sacrée qui était toujours transportée en tête de leurs déplacements quand ils allaient vers le nord. Le porteur de la pipe indiquait le début et la fin des journées de marche. A la nuit tombée, la tribu s'installait en cercle autour du porteur de la pipe. Il semble que la tribu du nord possède encore cette pipe aujourd'hui.

 

LES ASSINIBOINES

Les Assiniboines vivaient dans les régions de l'est du Canada. On pense que les Assiniboines étaient à l'origine des Sioux qui se séparèrent au 17ème siècle. Ils commencèrent leur nouvelle vie dans le nord, souffrant du froid et la neige. Les enfants mouraient gelés et la famine était fréquente car la nourriture rare. La tribu compri qu'il fallait repartir plus au sud pour trouver une terre plus généreuse où la vie serait moins dure. Le groupe reprit son errance pour trouver un endroit où les enfants pourraient "respirer l'été pour toujours".
Comme tout le monde n'était pas d'accord sur le chemin à suivre, ils se séparèrent encore une fois en plusieurs groupes. Ils se savaient plus vulnérables ainsi, mais chaque groupe chercha les territoires les plus propices, là où le gibier serait plus abondant. A ces petits groupes, ceux du groupe original donnèrent des noms négatifs comme Wasinazinyibi (qui veut dire gros fumeurs) ou encore Cantidada (qui veut dire peuple moisi). L’arrivée de ces différents groupes dans les plaines influença les coutumes des autres tribus. Chacun de ces nouveaux groupes eut un chef (il pouvait y avoir jusqu'à 3 chefs dans chaque groupe). Au plus haut de leur démographie, il y avait 33 groupes d'Assiniboines avec une population allant de 700 à 1,000 personnes dans chaque groupe. Ils n'étaient plus que la moitié de ce nombre en 1851 après les épidémies de variole.

Vie quotidienne
La langue est la même dans les divers groupes, avec cependant des accents différents. Une fois installés sur leurs nouveaux territoires, chacun se vit attribuer différentes tâches. Les femmes âgées allaient chercher du bois pour entretenir le feu à la nuit tombée alors que les plus jeunes étaient de corvée d'eau. Il n'y avait de fêtes que lorsqu'il y avait la paix entre les tribus où quand une guerre se terminait. Les femmes n'étaient jamais autorisées à manger avec les hommes. Les hommes faisaient un festin avec toute la nourriture préparée par les femmes. Après le repas, ils fumaient la pipe et préparaient les danses qui allaient suivre. Ils devaient décider qui devaient mener les danses pour remplacer les plus vieux. Les danses duraient jusqu'à tard dans la nuit, tout le monde en profitait le plus possible, sachant qu'il n'y en aurait pas d'autre fête avant longtemps.

 

 LES INDIENS BLACKFOOT

(Les seigneurs des plaines).
La confédération Blackfoot est composée de 4 tribus; les Pikuni (ou Peigan), les Pikuni/Peigan du Nord, les Blood (ou Kainai) et les Blackfoot (ou Siksika). Ils sont actuellement installés dans le Montana aux Etats-Unis et en Alberta au Canada. Quand le gouvernement canadien signa un traité avec les Niitsittapi (le vrai peuple) ils contactèrent initialement les Siksikas qui vivaient sur la frontière avec la tribu Niitsittapiskaku. Ils présumèrent faussement que tous les Niitsittapis étaient des Blackfoot. Les Niitsittapi sont en fait Peigans, Blackfoot du Montana, Bloods et Blackfoot/Siskika.

La langue
La langue des Niitsittapi c'est le Niitsipussin (le vrai langage). Il existe quelques différences dans la façon de construire les phrases dans les différents groupes.

 

Leur histoire
Les Blackfoot émigrèrent depuis la région des Grands Lacs à l'est des USA vers leurs territoires actuels. Ils étaient nomades et chasseurs de bisons. Ils virent pour la 1ère fois des chevaux en 1730 lors d'une attaque menée par LES SHOSHONESs. Ils parvinrent par la suite à avoir leurs propres chevaux en faisant du commerce avec les tribus Flathead, Kutenai et Nez percé. Les Blackfoot firent aussi du commerce avec les colons blancs, échangeant des peaux de bisons pour des chevaux et des armes. Les choses allaient cependant changer car les bisons devenaient rares, ils avaient été exterminés dans de nombreux territoires. Privés de leur principale source de nourriture, les indiens mourraient de faim. Leur subsistance dépendrait à partir de ce moment des agences indiennes.
Le mot tribu suggère un manque de cohésion politique, culturelle et sociale qui ne s'applique absolument pas aux Niitsitapi. En fait, la structure unitaire des Niitsitapi permit la prédominance culturelle, politique et militaire, faisant d'eux les Seigneurs des plaines. C'était une nation, un peuple uni par le même langage, la même culture et religion, vivant sur un territoire dont les frontières étaient respectées par les nations voisines. Le gouvernement entra en rapport avec Crowfoot, un leader politique Siksika, pour négocier des affaires concernant les indiens. Crowfoot consulta les autres chefs Niitsitapi parce qu'il ne pouvait absolument pas décider seul et devait avoir le consentement des autres chefs. En 1870, sur le fleuve Maria il y eu un des pires massacres d'indiens par les troupes militaires américaines. Au matin du 23 janvier, un village paisible de la nation Peigans fut attaqué par l’armée. Ils y eu de nombreux tués, surtout des femmes, des enfants et des vieillards. Le commandant avait reçu carte blanche pour attaquer les indiens, tous les indiens. Il s'en prit donc aux Peigans pour les punir pour des choses dont ils n’étaient pas coupables. Après le massacre, les troupes finirent pas découvrir le camp qu'elles cherchaient, mais le camp était vide, les indiens hostiles étaient déjà partis.

 

La vie quotidienne au camp
Les Blackfoot était des nomades qui suivaient les troupeaux de bisons. Leur territoire allait de Edmonton à Calgary, de l'Alberta au fleuve Yellowstone, des Montagnes Rocheuses à la frontière actuelle du Dakota du nord. Les événements les plus importants de l'année étaient le Sun Dance (la danse du soleil) et la cérémonie Médecine Lodge. Ces célébrations réunissaient plusieurs tribus des plaines. Une des régions sacrées des Blackfoot s'appelle Badger-two Médecine Area. Elle fut perdue en 1895 suite à la signature d'un traité avec le gouvernement américain, traité qui avait était mal traduit aux indiens pour les faire signer.

 

LES INDIENS CHEYENNES

Les Cheyennes vivaient dans les grandes plaines à l'est des Montagnes Rocheuses et à l'ouest du fleuve Mississipi. Aujourd'hui, ils sont installés dans le Montana dans l'Oklahoma. A l'origine, ils vivaient dans l'est des Etats-Unis. Ils étaient sédentaires et habitaient dans des villages. Quelques-uns déménagèrent plus à l'ouest. Finalement, ils s'installèrent dans les grandes plaines et les régions boisées de la vallée du Mississipi.

Leurs langues
Le dialecte Cheyenne est appartient à la famille des Algonquins. Leur alphabet contient 14 lettres. Les Cheyennes essaient désespérément de conserver leur langue d'origine.

Vie quotidienne
Les Cheyennes préparaient leur journée avant le lever du soleil. Faire du feu était la première tache à effectuer. Les femmes se levaient et allaient chercher de l'eau, pendant que les hommes et les garçons allaient prendre leur bain dans le ruisseau le plus proche. Les femmes préparaient alors le repas du matin. Les garçons devaient aussi récupérer les chevaux qui s'étaient éloignés du camp pendant la nuit. Après le repas, des annonces étaient faites par un ancien qui tournait autour des gens avec son cheval. Quand il avait fini, les gens vaquaient à leurs occupations quotidiennes. Les enfants se dispersaient pour aller nager, jouer ou faire des figurines de glaise. Les femmes formaient des groupes pour aller chercher du bois et des racines tôt le matin. C'était leur moment pour blaguer et rire. Elles ramassaient des bouts de bois par terre et brisaient des branches. Le bois était ensuite partagé, mis en fagots et attaché sur leurs dos. Puis, elles revenaient au camp. Les hommes les plus âgés fabriquaient les arcs, les flèches et les pipes pendant que les plus jeunes amélioraient leur apparence personnelle ou écoutaient les vieux hommes, sages et avisés. Les hommes chassaient le gibier pour fournir le camp en nourriture. Le soir venu, les Cheyennes faisaient de la musique, des danses, et autres activités. Puis le camp redevenait silencieux et tout le monde allait se coucher. Une coutume importante était celle de fumer le calumet de la paix. Cette coutume répondait à des règles très strictes. Une prière était faite avant la première bouffée. Chacun avait sa propre manière de fumer le calumet. Une autre coutume était de raconter des histoires, seules quelques personnes étaient habilitées à le faire. Ces histoires étaient racontées souvent, et toujours de la même manière.

 

LES COMMANCHES

Une nation de fiers guerriers
Le territoire des Comanches comprenait les zones qui vont du Colorado jusqu'au Rio Grande au Texas. Ce territoire aussi appelé le grand désert américain regorgeait autrefois de bisons, de chevreuils, d'antilopes, d’ours et de loups. Tous ces animaux, à l'exception du loup, étaient chassés par les Comanches et assuraient leur subsistance. Leur régime alimentaire était complété par des pommes de terre, des fruits, des noix et des baies qui étaient récoltées par les femmes. Leur nourriture était variée. Les Comanches étaient bons cavaliers, ils savaient monter à cheval depuis leur plus jeune âge. La richesse parmi les membres de la tribu était calculée en fonction du nombre des chevaux que possédait une famille. Les hommes montaient à cru, utilisant des couvertures plutôt qu'une selle. Pour prévenir des dommages causés par le frottement, ils portaient des pagnes et des mocassins. Les hommes apprenaient à chasser et à se battre à cheval. Ils avaient des lances, des boucliers, des arcs et des flèches, des grands couteaux pour se battre au corps à corps.
Les femmes quant à elles cuisinaient, nettoyaient et élevaient les enfants. Les Comanches étaient des chasseurs nomades et quand ils changeaient de territoire, c'étaient les femmes et les enfants qui pliaient les tipis en peaux et préparaient le départ. Quand les enfants grandissaient, on les autorisait à faire des erreurs dans le but d'apprendre. Plus les hommes vieillissaient plus on attendaient d'eux d'être des amis, de ne pas se vanter ni de vouloir prouver leur masculinité. Les Comanches n'avaient pas de grandes cérémonies religieuses. La plus importante phase de la vie d'un jeune homme était la quête d'une vision. Un garçon s'y préparait avec soin autant physiquement que spirituellement. Il devait trouver un endroit retiré pour jeûner, méditer et prier pendant des jours, en attendant une vision. Elle venait souvent sous la forme d'un être ou d'un animal. Si l'enfant ne réussissait pas la 1ère fois, il essayerait à nouveau jusqu'au succès. Il pourrait alors rentrer au village en tant qu’homme. C'était sa 1ère expérience avec "puhas", sorte de puissance divine. Les Comanches n'étaient pas très superstitieux, mais ils croyaient que "puhas" protégerait leur famille et leurs armes. Si un homme avait un grand "puhas" et une connaissance des cérémonies, de la médecine et des plantes, on l'appelait "médecine man" (l'homme médecine). Quand l'homme blanc vint sur leur territoire, les Comanches les combattirent fort et longtemps pour défendre leur terre. Ils finirent cependant grands perdants comme pour les autres tribus. Aujourd'hui, nous avons peu de documentation sur les Comanches hormis qu'à un moment donné ce grand peuple domina le sud ouest de l'Amérique.

 

LES INDIENS HOPIS DE L’ARIZONA

Les Hopis ont occupé quasiment tout le nord de l'Arizona, de la Californie au sud du Nevada. Aujourd'hui, ils vivent sur la réserve de Black Mesa en Arizona, près de Painted Desert.

Leurs langues
L’Hopi fait partie de la famille Shoshone, elle-même issue de la langue aztèque.


Leur histoire
On pense que les Hopis ont immigré de nord du Mexique environ 500 ans avant J.C. C'était une tribu de chasseurs et cueilleurs qui vivaient dans des maisons enterrées. Environ 1200 ans plus tard, l'aliment de base devint le maïs qu'ils étaient capables de faire pousser sur les plateaux arides. Plusieurs petits groupes s'associèrent et de grands villages. L'agriculture devint de plus en plus importante au fur et à mesure que la population grandissait. Des clans se formèrent, et chacun était responsable de son champ. La société Hopi était matrimoniale, c'est à dire les successions et le statut social se faisait par la mère. Les femmes possédaient les champs, mais seuls les hommes de leur clan pouvaient y travailler. Chaque clan avait également la charge de certaines cérémonies au cours de l'année. C'était une société où chaque clan pratiquait sa propre cérémonie et même les femmes pouvaient y officier. Les Hopis vécurent ainsi jusqu'aux environ de 1540, quand un groupe d'explorateurs espagnols mené par Coronado, vinrent pour la 1ère fois dans cette région. Par la suite, les missionnaires espagnols essayèrent de convertir les indiens au christianisme tandis que les explorateurs et les soldats cherchaient tous les moyens pour les exploiter. Pendant ce temps, la tribu Navajo voisine commençait elle-aussi à sentir la pression des Espagnols. Il s'en suivi une guerre qui affecta les Hopis et les autres tribus voisines. Cette période de guerre dura jusqu'en 1824 quand les Espagnols ont reconnu l'indépendance du Mexique et que les terres des Hopis furent données au gouvernement mexicain. Bien que l'Espagne les laisse maintenant en paix, les Navajos continuèrent d'attaquer les Hopis pour prendre leurs terres. En 1870 le gouvernement américain revendiqua lui aussi les terres Hopis. Ceux-ci durent à nouveau se battre pour finir dans la réserve Hopi de Black Mesa où ils vivent encore aujourd'hui.

 

Vie quotidienne
Les Hopis essayent de conserver leur mode de vie traditionnel. Ils sont engagés contre le gouvernement américain ainsi que contre les Navajos pour récupérer leurs terres ancestrales. Les Hopis sont bien renommés pour leur habilité en agriculture. Ils connaissent la culture en terrasses et les méthodes d'irrigation. Ils savent faire pousser le maïs, le coton, les haricots, les courges et le tabac au milieu du désert de l'Arizona.

 

LA NATION HURON

Les Hurons constituaient une nation indienne très développée avec a sa tête un système gouvernemental bien défini. La Nation Huron était divisée en tribus ou clans. Leur histoire est faite de guerres menant parfois à des pertes de territoire obligeant certains de leurs clans à déménager. Les Hurons n'étaient pas des nomades; ils avaient plusieurs grands villages, chacun avec sa propre représentation gouvernementale.
Les Hurons vivaient dans des maisons communes consistant en de grandes huttes de bois. Ces habitations mesuraient entre 45 et 55 mètres de long. Les murs étaient fait d'écorces posées sur une charpente de troncs d'arbres. La plus longue de ces habitations mesurait 125 mètres de long et fut découverte dans l'état de New-York. Pendant les périodes de paix, les Hurons chassaient et pêchaient, ils se servaient d'arcs, de flèches et de lances.

Les tribus de la nation huronnne avaient chacune leur propre héritage culturel. Elles étaient divisées en clans. Les plus importantes sont les Arendahronons, les Attigneenongnahacs, les Attignawantanset les Tahontaenrats.

Les Hurons étaient considérés comme une force guerrière puissante, ils disposaient d'un territoire étendu au Canada et aux Etat-Unis. Il allait du fleuve Niagara à l'Est au fleuve Sainte Claire à l'ouest jusqu'au lac Erié au sud. En 1535, la population comptait entre 30,000 et 45,000 individus. Après les guerres de 1640 et les épidémies qui s'en suivirent, la nation Huron ne comptait moins de 10,000 personnes.

 

Les principaux ennemis des Hurons étaient les Iroquois. Leurs guerres firent beaucoup de morts, ils y perdirent aussi une partie de leur grand territoire. Les nations plus petites durent elles-aussi entrer en guerre lorsque la tribu des Rohronans fut attaquée. En 1625, ces petites tribus jusque la neutre durent choisir leur camp, soit s’allier avec les Hurons, soit avec les Iroquois. Les Hurons ne purent jamais reprendre leur vaste territoire d'antan. Les attaques des autres tribus les entraînèrent dans des années de guerre et de privations. Les Hurons durent quitter leur terre natale et se disperser. Les derniers membres de la tribu du maïs se joignirent aux tribus Hurons qui s'installèrent au Québec, alors que les membres de la tribu du rocher se joignirent aux Onodagas, les membres de la tribu de l'ours quant à eux partirent avec les Mohawks. La puissante nation Huron fut ensuite obligée de rejoindre des réserves. Ils durent aussi vivre avec leurs ennemis les Iroquois.

 

LES INDIENS KIOWAS
Les Kiowas sont natifs des plaines du sud des USA. Historiquement, ils venaient de la région du Kootenay, en Colombie Britannique (Canada). Ils ont d'abord émigré vers le sud dans l'ouest du Montana, puis plus loin encore jusqu'au Nebraska, au Kansas, l'Oklahoma et finalement Texas où ils vivent encore aujourd'hui. Ils organisaient des expéditions de guerres parfois jusqu'au Mexique

Langue
La langue Kiowa semble reliée au langage Tanoan des pueblos de la vallée du Rio Grande au Nouveau Mexique. Kiowa veut dire "le peuple principal".

Leur histoire
Les Kiowas signèrent le traité de Médicine Lodge en 1867 et furent assigné sur une réserve l'année suivante, en 1868. Ils ne se sont cependant jamais vraiment confinés à la réserve. En 1874 ils reprenaient le sentier de la guerre contre les colonisateurs blancs du voisinage. Les Kiowas ne furent vaincus qu'une année plus tard quand un grand nombre de leurs chevaux furent tués par l’armée et que plusieurs de leurs chefs furent emprisonnés.

La vie quotidienne
Les Kiowas étaient des chasseurs nomades. Ils suivaient les troupeaux de bisons et vivaient dans des habitations faites de peaux et transportables. Ils possédaient des chevaux et étaient excellents cavaliers. Les Kiowas étaient de féroces guerriers et combattirent vigoureusement l'occupation de leurs territoires de chasse par les colons blancs. Avec leurs alliés Comanches, ils firent plusieurs incursions du Mexique, faisant de nombreux prisonniers et volant des chevaux. Les Kiowas représentaient les indiennes typiques de la culture des indiens des plaines. Ils formaient des bandes guerrières bien armées et bien organisées. Ils développèrent aussi leur propre écriture, utilisant des pictogrammes, signes peints sur des peaux, relatant chronologiquement les événements de leur histoire. Aujourd'hui, ils sont environ 12,000 et vivent dans Oklahoma et dans le sud-ouest des Etats-Unis. Leur tribu est dirigée par le Conseil Indien Kiowa constitué de membres âgés de plus de 18 ans.

 

LES INDIENS PAWNEE DE L’OKLAHOMA

Étaient une tribu qui vivait dans la région de la Plate River, au Nebraska au début du 16ème siècle. La tribu des Pawnee était composée de différentes bandes: les Kitkehahkis, les Chauis, les Pitahauerats et les Skidis. Chacune des bandes étaient encore divisées en plusieurs villages. Le nom Pawnee vient du nom indien "pariki" qui veut dire "une corne", en référence à leur mèche de cheveu sur le crâne. LES PAWNEES vivaient dans des huttes, recouvertes de terre. Les tipis en peau étaient utilisés pour les chasses au bison. Les huttes en terre évoluèrent d'une forme rectangulaire à une forme circulaire probablement à cause de leur migration vers le nord. Pour construire une hutte de terre, on commençait par planter en cercle 10 à 15 poteaux dans le sol (ils mesuraient environ 2m de haut et étaient espacés de 3m'.) Cela déterminait l'espace au sol. Des poutres étaient ensuite disposées en haut de ces poteaux. La structure était recouverte avec des couches de branches de saule, de l'herbe et de la terre. Des troncs étaient disposés horizontalement pour recouvrir l'espace entre les poutres centrales. On laissait un trou au centre du toit qui servait de cheminée et pour laisser entrer la lumière. On laissait aussi une entrée. La porte était faite avec un morceau de peau de bison étirée sur une charpente de saule qui pivotait vers l'intérieur. La nuit, elle était barricadée avec un morceau de bois passé à travers les poteaux qui la constituaient. Le foyer était installé dans une dépression circulaire creusée dans le sol au centre de l'habitation ; il était entouré de pierres plates. Leur habitation était à demi-souterraine.

Les femmes faisaient pousser du maïs, des courges et des haricots. LES PAWNEES  développèrent aussi l'art de la poterie. Les femmes participaient activement au commerce en gérant la distribution des surplus au sein de la tribu, et avec les autres bandes indiennes. Elles participaientégalement aux cérémonies ayant trait à la production de nourriture, l'abondance des récoltes et la chasse des bisons.

Les femmes avaient le pouvoir de la vie. Elles portaient leurs enfants dans une sorte de porte-bébé accroché à leur dos. Ils étaient fabriqués avec planche en bois plus large vers le haut. On y peignait l'étoile du nord et le soleil. Il était recouvert avec la peau d'un chat sauvage qui était l'emblème d'un ciel étoilé. La planche faisait un arceau au dessus de la tête de l'enfant ; cet endroit portait un arc en ciel. Les femmes aidaient leurs maris à charger et porter leurs ballots de plantes médicinales.
Les classes sociales favorisaient les chefs et les prêtres. Chaque chef de village ou de bande avait avec lui un paquet d'herbes médicinales. Le chaman avait des pouvoirs spéciaux qui lui permettaient de soigner les malades et de chasser les raids ennemis ou les famines. Ces prêtres connaissaient les rituels et danses sacrées.

 

Les Pawnees  avaient aussi des sociétés guerrières et militaires. Porter une chemise en peau était le signe d'un statut élevé. Peu d'hommes avaient ce privilège. La plupart des chemises de cérémonie portaient des bandes ornées de piquants de porc-épic ou de perles. Peindre ses mains indiquait qu'on avait combattu un ennemi au corps à corps.
Leur religion était un peu complexe. Ils identifiaient leurs dieux aux étoiles et se servaient de l'astronomie dans leurs activités quotidiennes. Les étoiles indiquaient quand planter le maïs. Tirawahat était le pouvoir de l'univers, le dieu le plus important, celui qui était a l'origine de toute chose. Tirawahat créa l'univers, donnant ses ordres à tous les dieux inférieurs. Certaines cérémonies religieuses en son honneur impliquaient des sacrifices humains.
En 1780, on estimait la population Pawnee à 10,000 personnes. Dans les années 1840 après l'ouverture de la ligne de chemin de fer, les maladies venues avec les blancs (variole, grippe, etc.), l'alcool et les guerres avec les autres tribus avaient beaucoup diminué la force des Pawnees, leur population avait chuté à 4,500 individus. L’influence des missionnaires blancs contribua à l'abandon de leurs coutumes primitives et des cérémonies religieuses. En 1970, il ne restait plus que 2,000 Pawnees, installés principalement en Oklahoma.

LES INDIENS SHOSHONES

La tribu Shoshone est originaire de la terre de Basin. Ils se divisèrent en deux groupes majeurs, de l'ouest et du nord. La tribu de l'ouest avait très peu de contact avec le monde extérieur et LES SHOSHONES de l'ouest montrèrent l’importance des tribus des plaines et des plateaux.

L’éducation des enfants était particulière parce que la mère s’occupait des enfants jusqu'à ce qu'ils commencent à marcher, puis c’étaient les soeurs aînées qui prenaient la relève, la grand-mère prodiguant l’éducation. Bien plus tard, le père s’occupait l’éducation si c'était un des garçons. Si l'enfant était une fille, c'était considéré comme une bénédiction parce que les parents savaient qu'un jour elle attirerait un homme qui aiderait la famille dans sa quête de nourriture. Comme la nourriture était parfois rare, certains chamans avaient le pouvoir d’attirer les antilopes, leur seul gros gibier. Ils se servaient d’arcs et de flèches, de lances et de boucliers pour chasser. Ils essayaient aussi de chasser le bison, l’élan, le chevreuil même si c'était plus difficile. Quand ils avaient réussi a tuer un gros gibier, ils échangeaient sa fourrure contre de la nourriture, des couteaux, des fusils et des munitions. Ils fabriquaient aussi des harpons pour la pêche. En été, ils ne portaient que des caches sexe, en hiver ils s’habillaient de vêtements tressés avec des peaux de lapin. Il fallait environ 40 lapins pour faire un vêtement. Celui qui pouvait protéger son corps avec un tel vêtement était considéré comme fortuné.

 

 

LA NATION SIOUX
Les Sioux vivent dans les plaines du nord, incluant les Dakotas du Nord et du Sud, le Nebraska, le Wyoming et le sud du Montana.
Le nom SIOUX (prononcer SOU) vient d'une transcription française du nom Nadouessioux; ce nom était donné aux sioux par leurs voisins et ennemis, les indiens Algonquins. Ce mot veut dire "petits serpents" c'est à dire, ennemis petits ou secondaires. Les sioux s'appellent eux-même Dakota, Lakota, Nakota, qui veut dire dans leur dialecte "les alliés'. Ces noms viennent des différents endroits où ils vivaient à l'origine.

La langue
Le langage sioux est parlée en 3 principaux dialectes, le Santee à l'est, Le Yankton au centre, et le Teton à l'ouest.

 

Leur histoire
Les Sioux ont du quitté leur terre natale de l'Est, chassé de leur territoire par les tribus plus puissantes. Ils apparaissent dans les récits pour la première fois en 1650 dans la région des lacs Milles et Leech a proximité du Mississipi, dans le Minnesota. Les frontières de leur nouveau territoire étant à un jour de marche du lac supérieur. Sous la pression des guerriers Ojibway qui furent parmi les premiers à obtenir des armes à feu, les Sioux se déplacèrent a nouveau plus à l'ouest, poussant devant eux les Cheyennes, les Omahas, les Crows et d'autres tribus plus petites. Ils envahirent rapidement tout l'ouest et le sud-ouest du pays après l'acquisition de chevaux et de fusils. Vers 1750, ils traversèrent le Mississipi et envahirent les Black hills. En 1805, avant le début des divers traités, ils possédaient un territoire s'étendant du centre du Wisconsin jusqu'au Wyoming, englobant les fameuses Black Hills (dans le Dakota du sud). Au nord leur nouveau territoire s’étendait jusqu'à la frontière canadienne au nord de l'actuelle ville de Platte. La nation Sioux n'était pas une nation compacte avec un gouvernement central et un seul chef à sa tête, mais une confédération de 7 sous-tribus alliées parlant une même langue. Chaque tribu avait un chef et se divisait à nouveau en bandes ou villages ayant à leur tour à leur tête chacun un chef. Sur leur terre originelle de l'Est, les Sioux subsistaient grâce à la pêche, la chasse du petit gibier, la récolte du riz sauvage et était des experts dans le maniement du canot. Mais en partant dans l'ouest, et par l'acquisition du cheval, leur style de vie changea complètement, ils devinrent une tribu de cavaliers nomades dont la survie dépendait principalement du bison. C'était des guerriers, armés de couteaux, arcs et flèches, lances et boucliers. Ils ne furent jamais de grands agriculteurs.
L'arrivée des américains blancs qui suivaient la piste de la Louisiane amena la fin du style de vie et la disparition du bison. La Ghost Dance (danse fantôme) qui prétendait ramener le bison et faire partir les blancs, devint prédominante chez les Sioux qui voulait retrouver leur style de vie du passé.
La polygamie était acceptée. Contrairement aux autres tribus dont la population décrut avec l'arrivée des blancs, la démographie Sioux semble avoir augmenté. Ceci est dû principalement à l'incorporation de captifs et aux mariages avec des blancs. Nous n'avons pas de statistiques fiables avant 1849, où le gouverneur Ramsey estimait la population Sioux à "guère plus de 20,000", alors que d'autres autorités locales l'estimaient à 40,000 voir plus. Le recensement officiel de 1910 estimait la population Sioux à 28,628 personnes incluant les métis.
Aujourd'hui les Sioux se sont adaptés à la vie sur les réserves ou en ville. Beaucoup s'impliquent dans l'industrie du tourisme dans les deux états Dakota.

 

 LES ARAPAHOS

Certaines vieilles traditions laissent supposer que les Arapahos vivaient dans des villages permanents dans les régions forestières de l’Est du continent ; ils y pratiquaient l’agriculture. Quand ils ont été repoussés à l’ouest, ils se sont divisés en plusieurs groupes allant vers le nord et au sud. Les Arapahos étaient proches des Cheyennes avec lesquels ils combattirent contre le lieutenant colonel George Armstrong Custer à Little Bighorn. Au 20ème siècle, leur population était de 2,000 sur leur réserve du Wyoming, et un peu plus de 3,000 dans l'Oklahoma.

 

Vie quotidienne

Comme les autres tribus des indiens des plaines, les Arapahos étaient des nomades, vivant dans des tipis. Ils suivaient les troupeaux de bisons, leur principale souce de nourriture. Ils faisaient du commerce avec d’autres tribus comme les Mandans et les Arikara. Ils étaient aussi profondément spirituels. Chaque objet ou action avait un symbole religieux important. Comme les Sioux, ils pratiquaient le Sun Dance (la danse du soleil). Plusieurs histoires anciennes font référence à une pipe sacrée qui était toujours transportée en tête de leurs deplacements quand ils allaient vers le nord. Le porteur de la pipe indiquait le début et la fin des journées de marche. A la nuit tombée, la tribu s’installait en cercle autour du porteur de la pipe. Il semble que la tribu du nord possède encore cette pipe aujourd’hui.

 

Les Arapahos (également appelés Arapahoes ou Gens de Vache en français) sont une tribu Amérindienne qui vivait à l'époque de la colonisation européenne dans les plaines de l'est du Colorado et du Wyoming. Ils étaient de proches alliés des Cheyennes et généralement des Sioux. Ils formaient avec les Cheyennes une enclave de langue algonquine dans l'Ouest. Les Arapahos du Nord habitent aujourd'hui sur la réserve de Wins River au Nord de Lander (Wyoming.

 

Il semblerait que les Arapahos habitaient dans le Minnesota et le Dakota du Nord avant l'arrivée des Européens. L'expansion de ces derniers les aurait poussés vers l'ouest dans le Colorado, le Wyoming et le Kansas. Lorsque les États-Unis ont placé la plupart des Indiens dans des réserves, un groupe d'Arapahos a été envoyé en Oklahoma. Ils partageaient la réserve avec les Cheyennes et les cultures cheyenne et arapaho ont évolué conjointement.

Les Arapahos vivaient dans des tipis en peau de bison. Avant d'être envoyés dans les réserves, ils migraient souvent à l'instar des troupeaux de bisons; ils avaient donc conçu leurs tipis de manière à les transporter facilement.On a affirmé qu'un village entier pouvait plier bagage en seulement une heure. A l'origine, ils utilisaient des chiens pour tirer des traîneaux portant leurs biens.Lorsque les Arapahos découvrirent les chevaux des Européens, ils réalisèrent qu'ils pourraient voyager plus vite et plus loin en remplaçant leurs chiens par des chevaux.Plus tard, ils devinrent de grands commerçants en vendant des fourrures aux autres tribus et aux non-Indiens. Beaucoup pensent que le nom Arapaho vient du mot Pawnee signifiant commerçants. Les enfants pêchaient et chassaient souvent avec leurs pères pour se divertir. Alors qu'ils avaient beaucoup plus de corvées que les Arapahos actuels, ils avaient encore le temps de pratiquer de nombreux jeux. Un de ces jeux consistait en un cerceu doté d'un filet et d'un bâton qu'il fallait lancer au centre du filet. On notera la similude avec le jeu de fléchettes. De nos jours, certains Arapahos se sont lancés dans les jeux de hasard et l'industrie des Casinos. Certains possèdent leur propre Casino ; on citera particulièrement l’Arapaho Casino situé dans le Wyoming.

 

 

LES NAVAJOS

Navajo, peuple indien d'Amérique du Nord, de la famille linguistique athabascane et de la zone culturelle du sud-ouest. Les Navajos vivent aux États-Unis, dans des réserves du nord-est de l'Arizona et des régions contiguës du Nouveau-Mexique et de l'Utah.

 Ils sont étroitement apparentés aux Apaches. On pense qu'ils venaient du nord et se sont installés dans le sud-ouest des États-Unis au cours du XVIe siècle. Au XVIIe siècle, les Navajos étaient devenus un peuple pastoral, avec une économie fondée en grande partie sur l'élevage et la chasse.

 

Après la création des Navajo, quatre montagnes et quatre rivières ont défini l'endroit où ils devaient vivre. Cela devait être notre pays, Dinehtah, qui nous a été donné par la Première Femme des Dineh (NDLR: nom traditionnel des Navajo). Nos ancêtres nous ont dit que nous ne devions jamais nous déplacer à l'est du Rio Grande ou au nord de la rivière San Juan; et je crois que c'est notre arrivée à Bos que Redondo qui a provoqué tant de décès parmi nous et parmi nos animaux. La Première Femme, quand elle a été créée, nous a donné ce morceau de terre, elle l'a créé spécialement pour nous et elle nous a donné le mais blanc... J'espère que vous ne me demanderez pas d'aller dans un autre pays que celui-ci qui est le nôtre.

Adresse du chef Barboncito au général William Tecumseh Sherman (1868).

Cinq cent millions d'années avant Dinehtah - le plateau du Colorado - se trouvait à la latitude de l'équateur, au nord-est d'Atzlàn, le sud-ouest des Etats-Unis. C'était un socle granitique plat recouvert d'une mer. Jusqu'à cent millions d'années avant J.C., retraits et incursions marines alternaient avec des vagues de dunes sableuses. Trois cent millions d'années avant J.C., un mouvement tectonique, qui se poursuit actuellement, commença a donner naissance aux montagnes qui encadrent Dinehtah. Cent millions d'années avant J.C., le mélange des sédiments marins, des alluvions nées de l'érosion intense des pentes montagneuses et les matières organiques issues des dinosaures commençaient à se transformer en charbon. Dix millions d'années avant J.C., des pluies importantes creusèrent les cours d'eau souterrains, qui firent apparaître des canyons. Dans cette région, unique au monde par ses formes spectaculaires et son fragile équilibre, l'homme s'installa dix mille ans avant J.C.

 

Guerres avec l'Espagne
Parmi ces hommes, se trouvaient ceux que les Dineh appellent "les Anciens" (Anasazi), qui, à partir du IXe siècle après J.C. vivaient dans les villages situés dans les cavités des falaises, avec des techniques de maçonnerie supérieures à celles des Européens de l'époque. Au XIII siècle, les Anciens migrèrent, selon les Zuni et les Hopi, vers le sud de Dinehtah. Ils construisirent sur les falaises et autour du Rio Grande, des villages en pisé que les Espagnols appelèrent "pueblos", nom qui sera aussi donné à ces Indiens agriculteurs. Les Dineh, appelés ceux des grands champs" (Navaju) par les Pueblo, vivaient en habitat dispersé dans des igloos de terre (hogan), les protégeant de la chaleur, du froid et des insectes. Ils chassaient, et cueillaient et cultivaient le maïs, les haricots et les melons. Les femmes tissaient le coton sauvage. Ils furent régulièrement attaqués par les Utah (Ute), Indiens appartenant à la civilisation des grandes plaines. Qui vivaient au nord de Dinehtah.


Juan de Onate, descendant direct de Cortés, le conquérant du Mexique. Et de Moctezuma, le dernier empereur aztèque. Commença la colonisation des Pueblos du Rio Grande en 1598. Après une série de combats avec les Pueblo et les Apache. Son fils établit la capitale de la colonie, appelée Nouveau-Mexique, à Santa Fe, à la frontière est de Dinehtah, en 1610. Les Pueblo furent christianisés en apparence. Réduits en esclavage. Et leurs terres furent distribuées (en "encomiendas") aux soldats et aux colons espagnols, accompagnés d'Indiens du Mexique. Les esclaves pueblos fugitifs se réfugièrent à Dinehtah et apportèrent chevaux et moutons aux Dineh, qui devinrent rapidement des éleveurs et des cavaliers hors pair.

Dinehtah devient alors la nation indienne la plus riche et la plus puissante d'Atzlan, grâce au bétail et au tissage inégalé de la laine. Signe de prospérité, le vêtement des Dineh: épais ponchos chamarrés, ceintures de cuir, bottes en peau de cerf, turbans et bijoux d'argent.
De 1609 à 1846, Dinebtah indé-pendant est en guerre incessante contre les Espagnols, aidés des Pueblo, des Chicanos (métis) et des Dinehanaih (une tribu navajo), au sud-est, et avec les Ute et les Comanche, au nord-est. En effet, Dinehtah est vu par les Espagnols comme un réservoir d'esclaves en puissance.

 

Pourtant, les Dineh sont pacifiques et ne cherchent pas à étendre leur territoire. Mais ils organisent des raids pour récupérer leurs proches et leur bétail chez l'ennemi. Une douzaine de traités de paix sont signés pendant cette période avec l'Espagne et le Mexique. Les captifs des Dineh seront toujours libérés - et reviendront librement chez les Dineh - tandis que les esclaves navajo seront maintenus sous le joug et alimenteront les marchés, malgré les clauses explicites des traités. Ces déplacements massifs, accompagnés de massacres couverts par l'Eglise catholique (2), constituent un dra-me permanent pour cette confédération de clans dineh, où règnent la démocratie et l'égalité des sexes.

 

 NATION UTE

L'Utah est un État de 219 932 km² situé dans le centre-ouest du pays : il est limité au nord par l'Idaho et le Wyoming, à l'ouest par le Nevada, au sud par l'Arizona et le Nouveau-Mexique et à l'est par le Colorado. 

 La capitale de l'Utah est Salt Lake City. Le nom Utah provient de la tribu Ute et signifie «peuple des montagnes».

En 2000, l'Utah comptait 2,2 millions d'habitants. Quelque 87 % des Américains de cet État parlent l'anglais comme langue maternelle. Environ 7,4 % parlent l'espagnol, les autres parlant en petit nombre l'allemand, des langues asiatiques (chinois, japonais, coréen, etc.), amérindiennes (navajo), etc. La Constitution de 1898 ne contient aucune disposition à caractère linguistique; les modifications de 1998 n'en contiennent pas davantage.  Par contre, il existe plusieurs lois à caractère linguistiques, dont une loi du 7 novembre 2000, qui rendait l'anglais langue officielle de l'État.  La capitale de l’Utah est Salt Lake City.

La région de l'Utah était peuplée de tribus indiennes (les Utes et les Navajos) lorsqu’en 1776 des missionnaires espagnols pénétrèrent le territoire jusqu’au lac Utah. Les mormons, persécutés en raison de leurs croyances religieuses, s'établirent dans la région à partir de 1847 et, conduits par Brigham Young, y ont fondé Salt Lake City. Les États-Unis n’ont pris possession de la région, qui appartenait au Mexique qu’à la suite du traité de Guadalupe-Hidalgo (1848) mettant fin à la guerre américano-mexicaine. En 1849, les mormons ont émis une demande d’admission dans l’Union. Celle-ci a été retardée par les difficultés existant entre les mormons et le gouvernement fédéral, notamment sur l’acceptation de la polygamie par l’Église mormone. À partir de 1862, le gouvernement des États-Unis a encouragé l’immigration de non-mormons qui ont alors afflué vers l’Utah après l’inauguration du chemin de fer transcontinental en 1869. L’Utah a finalement été admis dans l’Union le 4 janvier 1896, devenant ainsi le 45e État américain.

 

LES APACHES

Habitat :

Ils vivent dans la région du Rio Grande et se répartissent en plusieurs familles, suivant la région exacte, mais parlent tous la même langue. On trouve les Chiricahuas, les Jicarillas, les Mescaleros, les Tontos, les Lipans, ceux de l'Ouest, pour citer les plus importants.

Cinq siècles auparavant, ils se trouvaient au Canada puis sont descendus vers le Sud, contrairement à leurs voisins Hopis et Navajos qui habitent cette région depuis toujours. Les Apaches adoptèrent parfois les coutumes des tribus voisines, tel un groupe qui se joignit aux Kiowas pour former ainsi les Apaches-Kiowas. Ils vivent dans des hogans, simples huttes de perches souples recouvertes d'herbes et de broussailles.

 

Les différentes tribus :

Elles sont en principe composées de chasseurs et se livrent aux pillages, car les Apaches sont de tradition guerrière et livrent combat quand ils veulent. Ils ne sont donc ni pasteurs ni cultivateurs. Le guerrier qui accumulait le plus de prouesses devenait le chef.  Il n'y avait pas de gouvernement central tribal.Les Jicarillas chassaient le bison à l'instar des Indiens des Plaines dont ils étaient les voisins. Les Lipans chassaient et pillaient au Nouveau Mexique et dans l'Ouest du Texas. Les Mescaleros vivaient de chasse, cueillette et pillage. Quant aux Chiricahuas, ils avaient une réputation de féroces guerriers. Les Tontos et les White Mountains étaient plus pacifiques, se rapprochant des navajos.

Bien qu'ils aimaient faire la guerre, ils avaient peur de la mort et se pressaient d'ensevelir leurs morts et de brûler leurs biens. Ensuite, ils se purifiaient dans la fumée d'armoise avant de quitter les lieux, pour échapper à la colère du fantôme du mort.

 

Uses et coutumes :

Dans les danses, les Apaches revêtaient des costumes symbolisant les Esprits de la Montagne. Ils guérissaient les malades et éloignaient les mauvais sorts. Ils revêtaient des peintures corporelles, jupes, masques noirs, coiffures en plaquettes de bois et tenaient des épées de bois. Les Apaches reconnaissaient de nombreux hôtes surnaturels mais croyaient en une divinité suprême nommée YUSN.

Lorsque les jeunes filles atteignaient la puberté, elles participaient à des cérémonies qui duraient quatre jours, chiffre sacré. Chants, danses, festins, cadeaux rythmaient ces jours. Pendant ce temps, on construisait le tipi de cérémonie. Enfin, les jeunes filles couraient à quatre reprises des tipis vers de petits paniers contenant des objets sacrés. Puis, le tipi était démonté, les jeunes filles subissaient quatre jours de retraite et ensuite...étaient bonnes à marier. Les femmes apaches étaient renommées pour leur vannerie. Elles fabriquaient des paniers en tige de saule pour contenir la nourriture et les décoraient de dessins de couleur foncée réalisée à partir d'une plante. Malgré les expéditions guerrières fréquentes, la vie au village était rythmée, comme chez n'importe quelle tribu, par les chants, danses et cérémonies.

 

L’Histoire :

Au XIX siècle, les espagnols déferlèrent sur les terres des Navajos, voisins des Apaches. Ces envahisseurs protégeaient les colons des futurs états du Nouveau Mexique et de l'Arizona. Après l'indépendance du Mexique, l'armée se fit rare et Navajos + Apaches en profita pour faire des raids contre les fermiers.

En 1846, les Etats Unis prirent possession des territoires qui allaient devenir le Nouveau Mexique et l'Arizona et décidèrent de mettre un terme à ces raids. En 1848, après les colons, ce fut au tour des chercheurs d'or qui se rendaient en Californie de traverser les territoires où vivaient ces Indiens. Puis il y eut la guerre de Sécession et une partie des soldats partit au front. D'où une recrudescence des attaques indiennes contre colons et chercheurs d'or qui abattaient les arbres et tuer leur gibier.

 

En 1862, les Etats Unis décidèrent d'employer les grands moyens, c'est-à-dire tout faire pour chasser les Indiens de leurs terres. Le colonel Carson, Kit Carson, fut chargé de cette mission et recruta des volontaires au Nouveau Mexique. En 1863, il réussit à emprisonner des Apaches dans la réserve désertique de Bosque Redondo. Puis il pratiqua la politique de la terre brûlée : détruire par le feu habitats et récoltes.

En 1872, Cochise signa la Paix mais Géronimo continua ses raids. Il fut cependant rattrapé en 1877 et lui et ses guerriers furent conduits à la Réserve de San Carlos, surnommée   "Hell's Forty Acres" ou "Les Quarante Arpents de l'Enfer" tant elle était aride. De plus, on tentait d'y faire cultiver le sol par les Apaches, peuple de guerriers et de chasseurs. Mais en 1881, Géronimo la quitta et reprit ses raids avant que d'être repris par le Général Crook. Cependant il recouvra rapidement la liberté pour continuer ses raids contre les envahisseurs blancs, poursuivi par le Général Nelson Miles.

En 1886, le lieutenant Gatewood parvint jusqu'à Géronimo et le convainquit de se rendre, lui promettant que les guerriers et leurs familles ne seraient pas séparés. La promesse ne fut évidement pas tenu et Géronimo et ses hommes furent envoyés en Floride où ils souffrirent de l'humidité du climat, laquelle tua nombre d'entre eux. En 1894, on autorisa les survivants à rejoindre leurs familles à Fort Sill, en Oklahoma.

Cette réserve leur a été assignée le 9 Novembre 1871. Depuis ils vivent sur une terre  dont un tiers est boisé. Ces forêts et bois abritent cerfs, oies sauvages, ours noirs et pumas. Une portion de la réserve jouxte la plus grande forêt de pins Ponderosa du monde.

 

On y chasse le petit et gros gibier, et on peut pêcher dans plusieurs petits lacs et rivières ainsi que celui formé par le Barrage de Coolidge. Rafting, Kayak et canoe disponibles dans le Salt River Canyon. S'y trouve également un Centre Culturel racontant l'histoire du Peuple Apache. Egalement un casino avec hôtel et restaurant. A longueur d'année des évènements : Powwow, festival, rodéo, foire et fêtes commémoratives. Ainsi se présente la réserve actuelle de San Carlos de 1 834 781 acres qu'un blanc avait surnommé en 1871 : les Quarante Arpents de l'Enfer tant à cette époque, la réserve était exiguë et aride. 


20/01/2013
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LES ATTENTES

Avant la Confédération, c'est-à-dire avant 1867, les premiers explorateurs décrivaient l'Ouest comme un lieu aride et inhospitalier, même si ses riches ressources naturelles étaient utilisées par les Premières Nations depuis des siècles.

 

Pour que la colonisation européenne devienne possible, il fallait que cette image négative soit modifiée et que l'Ouest soit perçu comme un environnement plus accueillant.

Les premières tentatives des Européens pour comprendre la géographie du vaste territoire de l'Ouest canadien sont souvent mal conçues et lacunaires. L'isolement de la région par rapport à l'Europe et les problèmes à surmonter pour l'atteindre en traversant le Bouclier canadien ralentissent son intégration au continent européen pendant plusieurs centaines d'années.

Les premiers Européens à s'aventurer à l'intérieur de l'Ouest canadien le font à partir du nord, par la baie d'Hudson. Leur quête est d'abord centrée sur l'insaisissable passage du Nord-Ouest, la légendaire voie navigable qui, espèrent-ils, les conduira aux richesses de l'Orient.

Ces intrus européens découvrent plutôt par hasard la lucrative traite des fourrures et, le 2 mai 1670, le roi Charles II accorde au « gouverneur et à la compagnie des aventuriers d'Angleterre faisant le commerce dans la baie d'Hudson » (aujourd'hui la Compagnie de la Baie d'Hudson) des droits exclusifs sur cette ressource naturelle. Le cousin du roi, le prince Rupert, devient gouverneur de la compagnie et on appelle Terre de Rupert les 7,7 millions de kilomètres carrés dont lui et ses amis sont nommés les « seigneurs et propriétaires véritables et absolus ».

Pendant près de 200 ans, la traite des fourrures entre les Premières Nations et les Européens est l'activité commerciale dominante sur la Terre de Rupert et façonne en bonne partie la perception qu'a le monde extérieur de cette région : une vaste étendue inhospitalière. « Ces grandes plaines, écrit le négociant en fourrures David Thompson, semblent avoir été données depuis toujours par la Providence aux Peaux-Rouges, comme les déserts sauvages d'Afrique l'ont été aux Arabes. » Cette image se révèle bien utile à la Compagnie de la Baie d'Hudson. Elle contribue à limiter le peuplement de la Terre de Rupert et permet aux négociants de s'adonner à leur commerce à l'abri des influences de la « civilisation ». Des intérêts aussi étroits et la diminution des ressources disponibles amènent finalement les diverses cultures qui cohabitent sur la Terre de Rupert à entrer en conflit.

Alarmé par l'accroissement rapide de l'autorité des Américains sur tout le continent au milieu du dix-neuvième siècle, le Canada-Ouest (aujourd'hui l'Ontario) se met à considérer la Terre de Rupert comme un moyen d'assurer des liens avec les colonies britanniques de la côte ouest et de construire son propre empire économique. Disposant de peu de renseignements détaillés sur la géographie de l'Ouest, les expansionnistes canadiens entreprennent des expéditions scientifiques pour dresser l'inventaire des richesses naturelles abondantes qui semblent attendre d'être exploitées par les Européens. Comme il fallait s'y attendre, ces explorations amènent ceux qui y participent à brosser le portrait d'un pays offrant des promesses illimitées.

 

Le passage du Nord-Ouest

Peu après la découverte du Nouveau Monde, les grands cartographes d'Europe, comme Sebastian Munster, prédisent qu'il ne s'agit que d'une étroite bande de terre. Quand ils se rendent compte de l'énorme distance qui sépare en réalité les deux continents, les aventuriers européens du dix-septième siècle se mettent à chercher une voie navigable par laquelle ils pourraient contourner ou franchir ce grand obstacle. Le passage du Nord-Ouest devient l'un des plus grands rêves géographiques de tous les temps, un Saint-Graal dans la quête par les Européens des richesses incalculables de Cathay.

 

Hémisphère Ouest 1540. Lorsque cette carte est publiée pour la première fois par le cartographe allemand Sebastian Munster en 1540, les cartographes européens pensent que l'hémisphère Ouest récemment découvert n'est guère plus qu'une étroite bande de terre.

Contrairement à l'opinion répandue aujourd'hui, ni Christophe Colomb ni aucun de ses contemporains instruits ne croient que la Terre est plate. L'historien Jeffrey Russell affirme que le mythe de la Terre plate a été en grande partie inventé par des écrivains du début du XIXe siècle, Washington Irving et Antoine-Jean Letronne en particulier, et que ce mythe sont malheureusement restés dans la littérature la plus populaire.

Avant Colomb, on envisage de partir de l'Europe vers l'ouest pour atteindre l'Asie, mais on n'entreprend jamais ce voyage, car on estime que la distance entre les deux continents est trop grande pour les navires de haute mer de l'époque. Il est important de souligner que les navigateurs européens ne disposent des moyens pour mesurer précisément les distances est-ouest, ou la longitude, que trois siècles plus tard. On permet toutefois à Colomb de tenter un tel voyage parce qu'il a mis au point un nouvel ensemble de calculs qui réduisent grandement les dimensions de la mer de l'Ouest.

Peu après la découverte du Nouveau Monde, les cartographes européens du début du XVIe siècle représentent les Amériques comme une étroite bande de terre dans l'espace occupé par l'océan. Le Nouveau Monde apparaît ainsi miraculeusement proche des trésors de l'Orient (Cathay) et le Japon (Zipangri) semble tout près de la côte de la Californie.

 

Pendant que les Anglais concentrent davantage dans le nord leur recherche du passage du Nord-Ouest, ce sont principalement les Français qui explorent l'intérieur de l'Ouest canadien au début du dix-huitième siècle. Deux grands facteurs motivent leur progression vers l'ouest : leur désir de contrôler le flux des fourrures en direction nord vers les postes de traite des Anglais à la baie d'Hudson et leur recherche permanente d'une voie navigable intérieure qui, croit-on, mène au Pacifique.

Samuel de Champlain est le premier à croire à la mer intérieure. Au moment où il explore le secteur supérieur des Grands Lacs, il rencontre par hasard des Autochtones qui lui parlent d'une grande mer intérieure s'étendant au sud et à l'ouest de la baie d'Hudson et dont les eaux glacées recouvrent une bonne partie des Prairies canadiennes.

 

Nouvelle-France 1632, par Samuel de Champlain. Champlain intègre pour la première fois l'Océan glacial à sa carte de la Nouvelle-France en 1616 et l'ajoute plus tard dans sa carte de 1632. Les Français sont si convaincus de l'existence du passage du Nord-Ouest que celui-ci continue à faire partie de leur tradition cartographique nord-américaine pendant les 150 années qui suivent.

Certains historiens modernes se demandent si les explorateurs du Nouveau Monde croyaient vraiment qu'il était possible d'emprunter un itinéraire uniquement maritime pour se rendre en Asie. Une chose est certaine, cependant : les épices et les soies d'Orient garantissaient des rendements plus élevés que tout ce que le Nouveau Monde pouvait offrir, y compris son commerce des fourrures qui commençait à peine. Par conséquent, si l'appât du gain n'avait pas incité les Européens à explorer l'intérieur du continent nord-américain à la recherche du passage du Nord-Ouest, il aurait été presque impossible d'obtenir des appuis financiers pour réaliser des expéditions dans la terra incognita du Canada.

En intégrant les eaux intérieures du passage du Nord-Ouest à leurs cartes, les Français se couvraient également. Si un autre pays européen découvrait ultérieurement un Océan glacial, la France pourrait formuler certaines revendications au sujet du passage du fait que des cartographes français avaient déjà porté sur des cartes cette caractéristique géographique.

Il n'est donc pas surprenant que le grand explorateur et homme d'État Samuel de Champlain essaie de profiter au maximum de tout élément naturel qui suggère un passage maritime à travers le continent. Dès 1601, par exemple, Champlain promet à ses bienfaiteurs en France que le fleuve Saint-Laurent offrira de grandes possibilités. « Par cette voie, prédit-il, nous pourrons aller à Cathay... Nous pourrons faire le voyage en un mois ou en six semaines sans difficulté. » Quand ce scénario se révèle trop optimiste, Champlain déplace simplement le passage du Nord-Ouest plus à l'ouest, au-delà de l'horizon, jusqu'à une autre voie navigable.

 

Après le décès de Champlain, les Français ne reprennent la recherche de la mer de l'Ouest qu'à la fin des années 1720, quand le sieur de La Vérendrye assume le commandement des établissements français de Kaministikwia, de Nipigon et de Michipicoten. L'intérêt de La Vérendrye est centré sur la chaîne de lacs et de rivières située à l'ouest du lac Supérieur, aujourd'hui appelée le lac des Bois. Les Autochtones de cette région lui parlent d'une rivière qui s'écoule franc ouest jusqu'à un grand lac intérieur baptisé lac Ouinipique. Un autre gros cours d'eau sort soi-disant de ce lac et se déverse dans un vaste océan. La Vérendrye en conclut que cet océan est le Pacifique et le cartographe Philippe Buache prédit que le cours d'eau en question se jette finalement quelque part au nord de la Californie.

Les idées les plus fantaisistes que les Européens se font au sujet du passage du Nord-Ouest reposent cependant sur les récits des voyages de l'amiral espagnol de Fonte, qui aurait remonté la côte ouest des Amériques en 1640. De Fonte dit avoir trouvé un passage à 52 degrés nord (près de ce qui est aujourd'hui Prince Rupert). L'Espagne rejette ses allégations, mais les Anglais et les Français les prennent au sérieux et intègrent volontiers ses descriptions inventées à leurs cartes géographiques.

 

Une carte d'Auchagah dépeint un étirement de lacs et de rivières qui relient le lac Supérieur au lac Winnipeg (Ouinipigon). Une rivière mythique coule du lac Winnipeg franc ouest jusqu'aux Rocheuses. Étant donné que la carte d'Auchagah passe par de nombreuses mains avant d'être finalement intégrée à la carte de l'Amérique du Nord réalisée par Bellin, il est difficile de dire dans quelles proportions cette rivière mythique est le fruit des connaissances du territoire de l'Ouest acquises par Auchagah et le résultat de la détermination des Français à trouver le passage du Nord-Ouest.

La Vérendrye et ses quatre fils consacrent une grande partie de leur vie à chercher en vain cet itinéraire magique. Leur quête les amène finalement à portée de vue des Black Hills du Dakota. On pourrait croire que le fait de ne pas avoir trouvé la mystérieuse mer de l'Ouest aurait dissipé les rumeurs de son existence. Au contraire, les cartographes français déplacent simplement cette mer plus à l'ouest et la situent de l'autre côté des Rocheuses.

 

La traite des fourrures

Malgré sa charte royale, la Compagnie de la Baie d'Hudson ne jouit pas de droits illimités de traite des fourrures sur les terres de sa compétence. Avant 1763, la lutte de la compagnie contre les Français pour le contrôle de la traite sur les côtes de la baie d'Hudson et de la baie James entraîne une série d'engagements navals et terrestres. Après la chute de la Nouvelle-France en 1759 et la signature du Traité de Paris en 1763, le défi que représentent les Français est éliminé, mais il est remplacé par un autre encore plus grand : la présence de la Compagnie du Nord-Ouest, établie à Montréal.

 

La Compagnie du Nord-Ouest, créée en 1787 à la suite d'une fusion de plusieurs négociants en fourrures indépendants de Montréal, contrôle la traite dans l'Ouest pendant plusieurs années, à la grande déception de sa grande rivale, la Compagnie de la Baie d'Hudson. Avec son réseau de postes s'étirant jusqu'à l'océan Pacifique, la Compagnie du Nord-Ouest jette les bases du peuplement de la région. Accumulant les richesses en échangeant les matières premières de l'Ouest contre des biens importés et transformés produits dans les villes du centre du Canada, cette entreprise commerciale connaît un franc succès.

 

La traite des fourrures dépend cependant beaucoup plus des efforts des voyageurs, des engagés et des hivernants qui s'aventurent dans l'Ouest. On dit que la traite dans l'Ouest s'est littéralement développée sur le dos des voyageurs. Ces hommes, des Canadiens français, des Métis de langues anglaise et française et des Indiens, travaillent pendant de longues heures pour de faibles salaires, transportant des biens sur des milliers de kilomètres et passant l'hiver dans un territoire désolé, peu connu et parfois hostile. Peu à peu, cela devient un mode de vie, si bien que les négociants en fourrures prennent racine, établissent des relations avec des Indiennes ou des Métisses et les épousent souvent « à la façon du pays ». Contrairement à la Compagnie du Nord-Ouest, la Compagnie de la Baie d'Hudson a pour politique d'encourager les relations mixtes pour des raisons commerciales. La Compagnie de la Baie d'Hudson considère non seulement que ces Indiennes et ces Métisses peuvent mettre la main à la pâte, mais aussi que les liens familiaux et tribaux qu'elles permettent de créer adoucissent les relations entre négociants en fourrures et Indiens. Ces « intermédiaires féminines » voient souvent leur prestige, leur pouvoir politique et leur sécurité personnelle s'accroître en raison de leur liaison avec des négociants en fourrures européens. Même si la Compagnie de la Baie d'Hudson s'intéresse uniquement au commerce des fourrures et aux profits, des facteurs plus personnels dictent souvent les relations entre les négociants européens et les femmes autochtones.

 

Pendant que la Compagnie du Nord-Ouest connaît beaucoup de succès en pénétrant plus loin à l'intérieur du pays et en y construisant des postes de traite, la Compagnie de la Baie d'Hudson continue à axer ses efforts sur ses postes de l'intérieur situés le long des réseaux fluviaux de la Rouge, de l'Assiniboine et de la Saskatchewan. Il y a parfois, à quelques kilomètres de distance les uns des autres, des postes qui appartiennent à la Compagnie du Nord-Ouest, à la Compagnie de la Baie d'Hudson et à un négociant en fourrures indépendant (souvent américain). Fait intéressant, il est courant pour les deux grandes compagnies de construire des postes clés à proximité l'un de l'autre et de se faire concurrence pour obtenir la « pratique » des Indiens. Ce dédoublement ne fait toutefois que réduire les profits des deux compagnies.

 

La fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe sont l'âge d'or de la Compagnie du Nord-Ouest. Après les voyages d'exploration d'Alexander Mackenzie, de Simon Fraser et de David Thompson, les régions qui sont aujourd'hui l'ouest de l'Alberta et la Colombie-Britannique sont mieux connues, et les cartes des réseaux fluviaux, des lacs et des montagnes, plus fiables. À son tour, la Compagnie du Nord-Ouest se développe davantage vers l'ouest, y établissant de plus en plus de postes. Avec plus de 1 500 agents, commis et manœuvres, elle devient une organisation efficace. Elle accroît ses profits et ses dividendes, souvent au coût de l'exploitation impitoyable et de la quasi-extermination des animaux à fourrure.

 

À l'opposé, durant cette période, la Compagnie de la Baie d'Hudson souffre de l'inflexibilité de son organisation, dont Londres fixe les politiques. Les nombreuses guerres qui opposent la France et la Grande-Bretagne au XVIIIe siècle rendent aussi les marchés européens incertains. La Compagnie de la Baie d'Hudson verse un dividende de 10 p. 100 en 1778, de 8 p. 100 en 1779, et n'en paye aucun entre 1783 et 1785. Pendant presque 24 ans, les dividendes qu'elle verse atteignent en moyenne 4 p. 100. La compagnie possède une organisation stable et une longue expérience de la traite des fourrures, ce qui n'est toutefois pas suffisant pour résister aux pressions exercées par la Compagnie du Nord-Ouest; elle en arrive donc en 1821 à trouver avec cette dernière un modus vivendi, qui mène à la fusion des deux rivales.

 

Les deux entreprises commerciales étendent audacieusement leur empire de la traite des fourrures au-delà de la Terre de Rupert jusqu'au versant du Pacifique et aux bassins hydrographiques de l'Athabasca et du Mackenzie. Leur intense rivalité économique mène parfois à la violence, comme le prouve l'incident sanglant survenu à Seven Oaks. Le quasi-effondrement économique des deux entreprises entraîne leur fusion en 1821, ce qui rétablit temporairement la paix au sein de l'empire commercial des fourrures dans l'Ouest.

 

Au milieu de cette violence, Thomas Douglas, le 5e comte de Selkirk, obtient de la Compagnie de la Baie d'Hudson qu'elle lui concède des terres d'une superficie de 116 000 milles carrés (300 400 kilomètres carrés, ou cinq fois la taille de l'Écosse) à la jonction des rivières Rouge et Assiniboine (aujourd'hui le centre-ville de Winnipeg). Selkirk, qui veut créer une communauté agricole autosuffisante, peuple sa concession de familles chassées de l'Écosse et de la Suisse. Malheureusement, les sauterelles, les inondations, l'hiver et la mauvaise gestion de la Compagnie de la Baie d'Hudson limitent l'utilité de la colonie et opposent souvent les colons de Selkirk aux résidents de la vallée de la rivière Rouge, qui y sont depuis longtemps établis, en particulier les Métis libres-échangistes et les employés de la Compagnie du Nord-Ouest.

 

 

En 1817, le comte de Selkirk, à la recherche de pionniers armés pour sa colonie, recrute des anciens combattants du régiment d'infanterie suisse de De Meuron, régiment qui a été démantelé après la Guerre de 1812. Quelques années plus tard, il envoie un officier suisse de ce régiment, le capitaine Rudolph von May, recruter d'autres colons helvétiques. Peter Rindisbacher et sa famille font partie de ce groupe. Les 157 immigrants suisses, qui se mettent en route en 1821, se rendent d'abord à York Factory, puis suivent par voie de terre des itinéraires commerciaux qui mènent à la rivière Rouge, où ils s'attendent à trouver une région aux généreuses conditions agricoles et au climat tempéré. Ils doivent faire face à bien des difficultés au cours de leur voyage et surmonter des épreuves incroyables une fois arrivés dans la colonie de Selkirk. Après quelques années, la plupart des pionniers suisses, y compris la famille Rindisbacher, immigrent aux États-Unis à la recherche de conditions de vie plus favorables. Peter Rindisbacher devient un artiste connu dans la colonie de la rivière Rouge, si bien que des pionniers et des dirigeants de la Compagnie de la Baie d'Hudson lui commandent des copies de ses œuvres.

 

 

De plus en plus critiquée en raison de sa mauvaise gestion de la Terre de Rupert, la Compagnie de la Baie d'Hudson accepte la visite dans le Nord-Ouest du peintre torontois Paul Kane. En visitant la Terre de Rupert, à l'invitation de la compagnie, Kane peint les paysages et les indigènes qui y habitent. Ses tableaux célèbrent l'idée du « noble sauvage » et confirment visuellement que cette terre inhospitalière se prête peu à l'établissement des Européens.

 

La découverte d'or dans le sud de la partie continentale de la Colombie-Britannique et le fait qu'on se rend de plus en plus compte que la Compagnie de la Baie d'Hudson ne veut pas qu'on intègre ses territoires à l'Empire britannique poussent la Chambre des communes de Grande-Bretagne à créer, en 1857, un comité spécial pour étudier les privilèges commerciaux de l'entreprise. Cette dernière affirme au comité qu'« aucune partie des territoires... n'est bien adaptée au peuplement à une époque où les résultats des expéditions à la Terre de Rupert, financées par les Britanniques et les Canadiens, démontrent le contraire. Le comité recommande la cession, tout au moins en partie, du territoire au Canada. Tout est dorénavant prêt pour le transfert de la Terre de Rupert et l'expansion vers l'ouest du Canada.

 

La traite des fourrures

Malgré sa charte royale, la Compagnie de la Baie d'Hudson ne jouit pas de droits illimités de traite des fourrures sur les terres de sa compétence. Avant 1763, la lutte de la compagnie contre les Français pour le contrôle de la traite sur les côtes de la baie d'Hudson et de la baie James entraîne une série d'engagements navals et terrestres. Après la chute de la Nouvelle-France en 1759 et la signature du Traité de Paris en 1763, le défi que représentent les Français est éliminé, mais il est remplacé par un autre encore plus grand : la présence de la Compagnie du Nord-Ouest, établie à Montréal.

 

Les deux entreprises commerciales étendent audacieusement leur empire de la traite des fourrures au-delà de la Terre de Rupert jusqu'au versant du Pacifique et aux bassins hydrographiques de l'Athabasca et du Mackenzie. Leur intense rivalité économique mène parfois à la violence, comme le prouve l'incident sanglant survenu à Seven Oaks. Le quasi-effondrement économique des deux entreprises entraîne leur fusion en 1821, ce qui rétablit temporairement la paix au sein de l'empire commercial des fourrures dans l'Ouest.

 

Au milieu de cette violence, Thomas Douglas, le 5e comte de Selkirk, obtient de la Compagnie de la Baie d'Hudson qu'elle lui concède des terres d'une superficie de 116 000 milles carrés (300 400 kilomètres carrés, ou cinq fois la taille de l'Écosse) à la jonction des rivières Rouge et Assiniboine (aujourd'hui le centre-ville de Winnipeg). Selkirk, qui veut créer une communauté agricole autosuffisante, peuple sa concession de familles chassées de l'Écosse et de la Suisse. Malheureusement, les sauterelles, les inondations, l'hiver et la mauvaise gestion de la Compagnie de la Baie d'Hudson limitent l'utilité de la colonie et opposent souvent les colons de Selkirk aux résidents de la vallée de la rivière Rouge, qui y sont depuis longtemps établis, en particulier les Métis libres-échangistes et les employés de la Compagnie du Nord-Ouest.

 

De plus en plus critiquée en raison de sa mauvaise gestion de la Terre de Rupert, la Compagnie de la Baie d'Hudson accepte la visite dans le Nord-Ouest du peintre torontois Paul Kane. En visitant la Terre de Rupert, à l'invitation de la compagnie, Kane peint les paysages et les indigènes qui y habitent. Ses tableaux célèbrent l'idée du « noble sauvage » et confirment visuellement que cette terre inhospitalière se prête peu à l'établissement des Européens.

 

La découverte d'or dans le sud de la partie continentale de la Colombie-Britannique et le fait qu'on se rend de plus en plus compte que la Compagnie de la Baie d'Hudson ne veut pas qu'on intègre ses territoires à l'Empire britannique poussent la Chambre des communes de Grande-Bretagne à créer, en 1857, un comité spécial pour étudier les privilèges commerciaux de l'entreprise. Cette dernière affirme au comité qu'« aucune partie des territoires... n'est bien adaptée au peuplement » à une époque où les résultats des expéditions à la Terre de Rupert, financées par les Britanniques et les Canadiens, démontrent le contraire. Le comité recommande la cession, tout au moins en partie, du territoire au Canada. Tout est dorénavant prêt pour le transfert de la Terre de Rupert et l'expansion vers l'ouest du Canada.

 

Les expéditions scientifiques

Pendant tout le XIXe siècle, on accumule lentement des connaissances sur le Nord-Ouest à partir de levés topographiques de l'armée et auprès de voyageurs, de personnes dévouées à une cause morale et de représentants d'intérêts commerciaux. Vers le milieu du siècle, des pressions croissantes exercées en Grande-Bretagne, aux États-Unis et dans l'est du Canada pour qu'on en apprenne davantage sur l'intérieur du continent donnent lieu à deux grandes expéditions scientifiques, l'une et l'autre bien plus systématiques et plus poussées que toutes celles réalisées antérieurement.

Les participants à la première expédition, financée par les Britanniques et commandée par le capitaine John Palliser et le docteur James Hector, arrivent à Fort William (aujourd'hui Thunder Bay) à la mi-juin 1857. L'expédition Palliser, opération à la fois civile et militaire, permet de faire une étude de toute la région s'étendant du lac Supérieur aux Rocheuses, et dure trois ans.

 

Les participants à la seconde expédition, financée par le Canada, débarquent sur la rive nord-ouest du lac Supérieur environ six semaines après Palliser. Il s'agit d'une expédition strictement civile dirigée par Henry Youle Hind, professeur de chimie au Trinity College, à Toronto, et par Simon James Dawson, ingénieur civil du Québec. La première année, l'expédition se consacre à une étude de la région située entre le lac Supérieur et la rivière Rouge (l'expédition de la rivière Rouge) et l'année suivante, de celle située entre la rivière Rouge et la rivière Saskatchewan Sud (l'expédition de l'Assiniboine et de la Saskatchewan), et détermine « le meilleur itinéraire pour établir facilement la communication dans tout le territoire britannique ».

 

Les participants aux deux expéditions communiquent leurs observations sur des cartes géographiques et dans des rapports et, pour ce qui est de l'expédition de Hind, au moyen d'œuvres d'art et de photographies. Ces deux expéditions amorcent le long processus qui va finalement transformer la perception qu'ont les Européens de l'Ouest : ce paysage à la fois désolé et isolé se change peu à peu en un paradis intouché, plein de promesses.

 

Les cultures

Après plusieurs années de négociations, la Compagnie de la Baie d'Hudson accepte finalement de céder son monopole sur la Terre de Rupert au Dominion du Canada. Elle reçoit en retour une indemnité financière comptant de 300 000 livres sterling, 5 p. 100 de la zone fertile définie par Hind et Palliser (environ 7 millions d'acres) et une certaine superficie de terre autour de chacun de ses postes de traite (50 000 acres additionnels approximativement). Le transfert de la Terre de Rupert est fixé au 1er décembre 1869. Malheureusement, personne ne pense à consulter les résidants de la vallée de la rivière Rouge lors des négociations. Les gouvernements canadien et britannique et la Compagnie de la Baie d'Hudson se comportent comme si le transfert de la Terre de Rupert était inévitable.

 

Quand les nouvelles de ce transfert imminent arrivent dans la vallée de la rivière Rouge, à l'été 1869, ses résidants métis sont furieux. Ils exigent immédiatement que le gouvernement canadien mette un terme à la construction de la route Dawson et à l'arpentage des terres concédées dans la région. Ils arrêtent un petit groupe de partisans de l'annexion (dont un, Thomas Scott, sera exécuté) et élisent un gouvernement provisoire. Ces événements sont d'abord suivis d'une guerre d'écrits. Les Métis de la rivière Rouge et le représentant du Canada, William McDougall se met à publier des proclamations et des déclarations, chaque partie tentant d'inciter la population à se ranger dans son camp.

Comme Louis Riel et son gouvernement provisoire se montrent peu disposés à renoncer à leurs terres, le gouvernement canadien se voit obligé de négocier un second ensemble de modalités de transfert, mais cette fois avec la population de la vallée de la rivière Rouge. Ces modalités garantissent la création de la province du Manitoba, la reconnaissance des titres de biens-fonds des Métis, la mise en réserve de 1,4 million d'acres de terrain pour les générations métisses à venir et l'octroi d'une amnistie totale aux participants à la rébellion. On doit aussi indemniser la minorité de langue anglaise de la vallée de la rivière Rouge pour les pertes qu'elle a subies.

Le transfert de la Terre de Rupert et la création de la petite « province grande comme un timbre-poste » qu'est le Manitoba (dont la taille correspond à la moitié environ de celle des terres qui ont été concédées à Lord Selkirk par la Compagnie de la Baie d'Hudson un demi-siècle plus tôt) entrent en vigueur le 15 juillet 1870. Une force militaire de 400 réguliers britanniques et de 800 miliciens ontariens et québécois, sous le commandement du colonel Garnet Wolseley, arrive au « Manitoba » environ cinq semaines plus tard, pour veiller à ce que le passage de la Terre de Rupert au statut de province se fasse sans autre incident. C'est la première fois que le jeune Dominion du Canada rassemble son armée, événement qui est largement célébré à l'époque dans la presse populaire.

 

 

L’INTÉGRÉ L’OUEST AU CANADA

 

Les revendications des Autochtones

Par suite du précédent créé en 1763 par une Proclamation du roi George III, le gouvernement du Canada commence à conclure des traités avec les Premières Nations des Prairies durant l'année qui suit l'annexion de la Terre de Rupert. Le gouvernement fédéral amorce ce processus, non pour donner une patrie aux Premières Nations, mais pour ouvrir la voie à l'agriculture commerciale. Afin de distinguer les traités postérieurs à 1867 des traités signés plus tôt dans l'Est, on attribue un numéro (plutôt qu'un nom) aux traités de l'Ouest, appelés « traités numérotés ».

 

De 1867 au début des années 1900, le gouvernement fédéral amorce le long processus de préparation des « meilleures nouvelles terres de l'Ouest » en vue d'une immigration européenne massive et, ce faisant, confère à l'Ouest canadien son identité propre.

 

Une fois la Rébellion de la rivière Rouge réprimée, le gouvernement du Canada se charge de la tâche encore plus difficile de doter l'Ouest d'une identité « canadienne ». Dès l'adhésion de cette région à la Confédération avec le transfert de la Terre de Rupert, Ottawa prévoit une colonisation ordonnée de l'Ouest sous le contrôle direct de l'administration fédérale. Il faut régler les revendications des Autochtones, faire l'arpentage des lots de colonisation, construire un réseau de transport et implanter solidement un système de maintien de l'ordre avant l'arrivée en masse d'immigrants européens et américains. Le processus de colonisation doit être entièrement administré par un nouvel organisme gouvernemental, le ministère de l'Intérieur, qui est dirigé, au début, par le premier ministre John A. Macdonald.

 

Détail intéressant, durant le processus de colonisation, le gouvernement fédéral - tant conservateur que libéral - ne met jamais en place de mécanisme permettant à l'Ouest de passer graduellement d'une administration territoriale contrôlée par Ottawa à une administration provinciale sous contrôle local. Selon l'historien John Thompson, le gouvernement fédéral ne veut aucune ingérence locale gênante dans son projet de canadianisation des Prairies.

 

Les revendications des Autochtones

Par suite du précédent créé en 1763 par une Proclamation du roi George III, le gouvernement du Canada commence à conclure des traités avec les Premières Nations des Prairies durant l'année qui suit l'annexion de la Terre de Rupert. Le gouvernement fédéral amorce ce processus, non pour donner une patrie aux Premières Nations, mais pour ouvrir la voie à l'agriculture commerciale. Afin de distinguer les traités postérieurs à 1867 des traités signés plus tôt dans l'Est, on attribue un numéro (plutôt qu'un nom) aux traités de l'Ouest, appelés « traités numérotés ».

 

La cérémonie de signature d'un traité est une manifestation fastueuse durant laquelle les représentants de la Couronne remettent aux chefs et aux dirigeants de petites quantités de nourriture, de tabac et d'argent, en plus de médailles de traité, d'uniformes et de drapeaux. Bien que les cérémonies et les insignes varient d'un traité à l'autre, un principe reste constant : en échange de leur « titre indien » sur le territoire, les bandes reçoivent des terres de réserve que la Couronne conserve pour leur utilisation exclusive.

 

 

La Couronne procède de manière très différente pour l'extinction du « titre indien » des Métis. Au lieu de recevoir des terres de réserve, les chefs de famille métis et leurs enfants obtiennent une concession de terre unique ou un certificat d'argent. En théorie, celui-ci ne peut servir qu'à acquérir des terres répertoriées dans un bureau fédéral des terres pouvant faire l'objet d'une inscription. En pratique, un marché de certificats se développe dans l'Ouest — un marché noir auquel beaucoup d'institutions financières de l'Ouest participent activement. Des certificats de Métis sont vendus pour une somme très inférieure à leur valeur nominale (aussi peu que 20 p. 100) à des agents, qui les revendent à profit aux immigrants. À l'issue de ce processus, les Métis se retrouvent sans terre ni assise communautaire.

 

L'éducation est l'une des principales responsabilités assumées par les fonctionnaires fédéraux relativement à l'administration des affaires indiennes. Dans certains cas, les Premières Nations demandent que la création d'écoles soit prévue dans leurs traités. Les premières écoles indiennes sont établies dans les Prairies en 1883. Par la suite, le gouvernement fédéral et les églises chrétiennes créent un réseau de pensionnats, où les idéaux canadiens et le christianisme sont enseignés aux jeunes sans ingérence de la part de leur famille ni de leur collectivité. En tant qu'agents d'intégration sociale, ces pensionnats sont un échec; à titre d'agents d'apprentissage, ils n'ont pas beaucoup plus de succès; comme agents de génocide culturel, ils remportent un succès phénoménal.

 

Les écoles industrielles dirigées par le gouvernement et les pensionnats subventionnés par l'État et administrés par les Églises catholique, anglicane, méthodiste et presbytérienne jouent un rôle important dans la vie des enfants indiens. En retirant les enfants de leur foyer, les écoles espèrent les assimiler, les intégrer dans la société « civilisée » blanche et leur fournir une éducation à la canadienne. Cette photographie est tirée d'un album de photos de pensionnats qui existaient en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba au début du vingtième siècle. La tenue des élèves montre clairement les effets du processus d'assimilation.

 

Les écoles industrielles dirigées par le gouvernement et les pensionnats subventionnés par l'État et administrés par les Églises catholique, anglicane, méthodiste et presbytérienne jouent un rôle important dans la vie des enfants indiens. En retirant les enfants de leur foyer, les écoles espèrent les assimiler, les intégrer dans la société « civilisée » blanche et leur fournir une éducation à la canadienne. Cette photographie est tirée d'un album de photos de pensionnats qui existaient en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba au début du vingtième siècle. La tenue des élèves montre clairement les effets du processus d'assimilation.

 

Les écoles industrielles dirigées par le gouvernement et les pensionnats subventionnés par l'État et administrés par les Églises catholique, anglicane, méthodiste et presbytérienne jouent un rôle important dans la vie des enfants indiens. En retirant les enfants de leur foyer, les écoles espèrent les assimiler, les intégrer dans la société « civilisée » blanche et leur fournir une éducation à la canadienne. Cette photographie est tirée d'un album de photos de pensionnats qui existaient en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba au début du vingtième siècle. La tenue des élèves montre clairement les effets du processus d'assimilation.

 

 

Avant qu'une colonisation à grande échelle puisse débuter, il faut régler la question de l'emplacement de la frontière (un levé effectué plus tôt par les Américains semble indiquer que la frontière a été mal délimitée à Pembina). Afin d'éviter un conflit, la Grande-Bretagne et les États-Unis nomment une commission mixte chargée d'arpenter et de marquer le 49e parallèle, depuis l'angle nord-ouest du lac des Bois jusqu'au pied des Rocheuses. Cette commission se compose principalement d'un détachement de 44 membres des Royal Engineers, qui comprend quatre photographes qualifiés. Le rapport final des commissaires renferme 195 de leurs photos, qui montrent non seulement les arpenteurs au travail, mais également le territoire qu'ils ont parcouru et les gens qu'ils ont rencontrés.

 

La deuxième tâche administrative dont le gouvernement se charge consiste à mettre en place un mécanisme de surveillance et de protection de la frontière. Le premier ministre John A. Macdonald réfléchit avec beaucoup de soin à la manière dont un tel service de police doit être organisé et, après le massacre des collines du Cyprès, crée la Police à cheval du Nord-Ouest. Celle-ci ne ressemble à aucun autre service de police dans le monde, sauf peut-être à la Royal Irish Constabulary. La Police à cheval du Nord-Ouest présente une combinaison unique d'éléments caractéristiques des corps policiers et des forces armées du dix-neuvième siècle. Son épuisante marche vers l'Ouest le long de la frontière, en 1873, l'a gravée à tout jamais dans l'imaginaire des Canadiens.

La troisième tâche consiste à dresser un inventaire systématique des ressources naturelles de la région. La Commission géologique du Canada hérite de la majeure partie de cette responsabilité et, dans la tradition de Palliser et Hind, entreprend de laisser un héritage allant au-delà d'un simple inventaire de roches et de strates. L'environnement sous toutes ses facettes, avec ses cultures, devient le laboratoire de la Commission.

La dernière tâche à accomplir est la création d'un programme d'arpentage qui divisera la région en cantons selon une configuration en damier unique, devenue synonyme de l'agriculture dans les Prairies. Ce système d'arpentage est éventuellement appliqué à 200 millions d'acres et constitue la plus grande grille de levés au monde tracée suivant un seul système intégré. Il mène à la création de plus de 1,25 million de lots de colonisation.

 

Pendant qu'il se prépare à accomplir ces tâches, le gouvernement se retrouve encore aux prises avec les Métis et les Premières Nations, mais, cette fois, sur les rives de la rivière Saskatchewan Sud, à Batoche. Une industrie des médias naissante permet aux gens de l'Est de suivre cette affaire de près. Une fois la Rébellion du Nord-Ouest étouffée, on ne faits preuve d'aucune clémence; les chefs de la rébellion sont systématiquement arrêtés, puis emprisonnés ou exécutés.

 

L'immigration

Par suite de la marginalisation des Premières Nations et des Métis, de la mise en place d'un chemin de fer financé par l'État et de l'arpentage des lots de colonisation, les terres de l'Ouest sont maintenant « ouvertes » à l'agriculture commerciale. Au cours des dix dernières années du dix-neuvième siècle, le gouvernement fédéral lance donc un programme d'immigration qui se traduira éventuellement par la présence, dans l'Ouest canadien, d'un nombre sans précédent de pionniers blancs.

 

Grâce à une campagne de propagande énergique, Clifford Sifton espère saturer les États-Unis et l'Europe d'opinions favorables sur l'Ouest canadien. On envoie des agents d'immigration canadiens dans des agglomérations européennes importantes et on paie les frais de voyage de journalistes étrangers afin qu'ils puissent venir voir de leurs propres yeux les « meilleures terres de l'Ouest » et les belles perspectives d'avenir qu'elles offrent.

Le seul objectif de Clifford Sifton consiste à peupler l'Ouest et sa politique est simple : seuls les fermiers sont les bienvenus. Selon lui, l'agriculture est la base de l'économie canadienne et tout le reste dépend du succès de cette activité. À son avis, les meilleurs agriculteurs européens viennent des régions du Nord  -  la Grande-Bretagne, la Scandinavie, l'Europe de l'Ouest et de l'Est  -  tandis que les moins recommandables viennent du Sud. Il a du mépris pour les Européens du Sud, les Italiens en particulier, parce que ces travailleurs migrants préfèrent s'installer dans les agglomérations urbaines plutôt que s'aventurer dans les régions rurales. Cependant, il favorise l'immigration des habitants de l'Europe de l'Est, car il considère les immigrants de cette région comme des personnes travailleuses, dociles et vouées à l'agriculture. « Je pense qu'un paysan costaud vêtu d'un manteau en peau de mouton, qui est né à la campagne, dont les ancêtres sont fermiers depuis dix générations et qui a une femme robuste et une demi-douzaine d'enfants, est un être de bonne qualité », affirme-t-il.

 

Ainsi que l'envisageait le ministre de l'Intérieur, Clifford Sifton, le principal élément moteur de ce programme fédéral est une grande campagne de publicité reposant fortement sur une distribution massive d'affiches et de brochures. Bien que ces documents soient surtout destinés à d'éventuels immigrants de pays anglophones  -  en particulier la Grande-Bretagne et les États-Unis  -  ils sont aussi, à l'occasion, diffusés en français, en allemand, en flamand, en suédois, en finnois, en norvégien et en hollandais. Cette campagne est souvent suivie de près par des bureaux à l'étranger de la Direction de l'immigration et fait appel à des illustrations et à des photographies en combinaison avec les plus récentes technologies (le cinéma à vapeur et la lanterne de projection, par exemple). Tout est orchestré de manière à impressionner le public avec des images accrocheuses montrant un pays moderne et dynamique dont le vaste territoire promet de grandes récompenses. On trouve difficilement une route de campagne en Grande-Bretagne ou une foire commerciale aux États-Unis où le message ne s'est pas rendu.

 

La campagne d'immigration n'est pas laissée entièrement entre les mains du gouvernement fédéral. Beaucoup de communautés locales veulent profiter de la prospérité économique qui résultera de l'arrivée d'un grand nombre d'immigrants. Les chemins de fer prennent, eux aussi, une part active à cette campagne. Ils ont leurs propres concessions de terre et plus ils mettront de temps à vendre l'immense portion de territoire que le gouvernement leur a cédé, plus les actionnaires devront attendre longtemps avant de recevoir leurs dividendes.

 

Les résultats obtenus sont impressionnants. En 1896, dès les débuts du bombardement publicitaire intensif entrepris par le gouvernement fédéral, un nombre respectable de nouveaux venus, soit 17 000, arrivent au Canada. Au bout de trois ans seulement, lorsque le programme bat son plein, ce nombre passe à 45 000, soit presque le triple, et en 1905, ce nombre triple une fois de plus. En tout, Le Canada accueille deux millions de personnes durant la période allant de 1896 jusqu'à la Première Guerre mondiale. Dès 1911, l'Ouest canadien est transformé; on y trouve une population euro-canadienne grandissante, de vastes étendues de blé et d'autres céréales, des agglomérations agricoles prospères et une identité régionale naissante.

 

Le transport

L'arrivée du transport ferroviaire exerce une influence déterminante sur l'établissement d'immigrants européens dans l'Ouest canadien et, de façon plus générale, sur les efforts en vue de bâtir le pays. Les chemins de fer font partie intégrante du développement de l'Ouest, à la fois parce qu'ils relient les communautés des Prairies et parce qu'ils ouvrent des marchés lointains aux produits de l'Ouest. Non seulement ont-ils un impact considérable sur les caractéristiques physiques des collectivités des Prairies  -  l'emprise, la gare et la cour de triage sont des activités centrales autour desquelles gravitent souvent d'autres industries et entreprises communautaires  - , mais ils ont également des retombées sur l'emploi local. Le fait qu'une localité se trouve à proximité des installations ferroviaires peut faire toute la différence entre la prospérité économique et l'inertie (Grouard, en Alberta, en est un exemple typique). Compte tenu de cette réalité, on ne peut s'étonner qu'à l'annonce de la construction imminente d'une voie de chemin de fer, les collectivités de l'Ouest se disputent le privilège de l'accès direct à cette artère d'acier si vitale.

 

La Grande-Bretagne s'intéresse également à la construction du chemin de fer de l'Ouest canadien, mais pour des raisons tout à fait différentes de celles exprimées par les autorités d'Ottawa ou les exploitants agricoles des Prairies. Les rapports rédigés par le ministère de la Guerre de Londres, par exemple, traitent du potentiel d'un chemin de fer transcontinental pour le déplacement des troupes impériales vers des destinations de l'Extrême-Orient.

 

 

 

Les deux compagnies de chemin de fer transcontinentales, Canadian Pacific Railway et Grand Trunk Pacific (dont la fusion ultérieure donnera naissance aux Chemins de fer nationaux du Canada, ou Canadien National), exercent un pouvoir économique considérable dans les Plaines de l'Ouest. Les entreprises effectuent leurs propres travaux d'arpentage, exploitent leurs propres bureaux de l'immigration et embauchent des photographes pour les aider à planifier la construction des lignes, à documenter leurs réalisations techniques et à promouvoir leur image au Canada et à l'étranger.

 

 

Le viaduc ferroviaire de Lethbridge (Alberta) 1910. Canadian Pacific Railway termine la construction du pont sur chevalets de Lethbridge en 1909. S'étirant sur 1,6 kilomètres et d'une hauteur atteignant 314 pieds, il relie les rives escarpées de la rivière Oldman; il s'agit du pont le plus long et le plus élevé du genre en Amérique du Nord. Il symbolise les défis techniques qu'il a fallu relever pour doter l'Ouest canadien d'un service ferroviaire.

 

Bien qu'étant officiellement des compagnies privées, elles sollicitent et reçoivent de généreux incitatifs du gouvernement fédéral sous forme de concessions de terres, d'allégements fiscaux, de capitaux et d'accords sur le tarif-marchandises. La question de savoir si le public bénéficie en retour de services ferroviaires adéquats soulève bien des débats durant des décennies. Néanmoins, le chemin de fer demeure l'un des symboles les plus ancrés dans la culture canadienne. La photo sur laquelle on aperçoit Donald Smith, arborant chapeau haut de forme et barbe blanche, enfoncer le « dernier crampon » devant des travailleurs du rail à Craigellachie, est sans doute l'une des images canadiennes les plus mémorables du dix-neuvième siècle.

 

VIVRE DANS L’OUEST

 

 

Avant les années 1930, une multitude de groupes ethniques très divers réaménagent l'Ouest, avec l'aide du gouvernement fédéral, pour en faire un lieu productif où ils se sentent à l'aise.

 

Au début du vingtième siècle, les Prairies sont bien intégrées au capitalisme industriel. En deux décennies à peine, le mode de vie qui avait existé pendant des siècles est complètement abandonné au profit d'une économie agricole fondée sur la propriété privée et les fermes familiales. Cette nouvelle forme d'économie produit certains résultats spectaculaires. En 1896, par exemple, le blé est cultivé sur 1,26 millions d'acres; à la veille de la Première Guerre mondiale, la superficie de culture de cette céréale atteint 10 millions d'acres, ce qui fait du blé l'une des quatre principales denrées d'exportation du Canada.

 

Cette croissance sans précédent est favorisée en partie par des programmes parrainés par le gouvernement, tels les fermes expérimentales et les projets de travaux publics, qui font progresser la technologie et les infrastructures, rendant ainsi possible le développement urbain et rural dans un environnement inhospitalier.

 

Mais l'aide du gouvernement ne s'arrête pas là. Elle facilite la transformation du paysage de bien d'autres façons. À titre d'exemple, les scientifiques du gouvernement entreprennent le long processus de désignation des réserves naturelles — concept relativement nouveau — ce qui contribue non seulement à protéger les ressources fondamentales de nombreuses industries, mais crée également un environnement favorable à l'industrie touristique naissante. Les scientifiques localisent aussi les gisements houillers et les réserves de pétrole qui stimuleront l'industrialisation et l'urbanisation de la région, ce qui, plus tard au cours du siècle, remettra en question la prédominance de l'économie agricole.

 

Les villes de l'Ouest s'en trouvent profondément transformées. Après 1906, la plupart des nouveaux venus ne sont pas intéressés à exploiter une ferme familiale. Ce sont des « terrassiers », c'est-à-dire des travailleurs non qualifiés, et la majorité d'entre eux se dirigent directement vers des villes comme Winnipeg, Edmonton, Calgary, Regina et Saskatoon, qui font maintenant partie des grands centres urbains du Canada et peuvent se targuer d'offrir une vie culturelle qu'on n'aurait pas crue possible quelques décennies auparavant. Cette vie culturelle, qui deviendra finalement l'âme des écoles de l'Ouest, est déjà à l'époque nourrie par des écrivains et des artistes qui n'hésitent pas à chercher l'inspiration dans le paysage environnant. Plutôt que de créer des œuvres qui correspondent aux goûts des étrangers, les artistes originaires de la région cherchent surtout à accepter l'Ouest pour ce qu'il est.

 

Les militants politiques et sociaux de l'Ouest puisent également leur motivation dans leur collectivité. Ils commencent à diriger les mouvements de défense des droits de leurs provinces afin que celles-ci soient traitées sur un pied d'égalité dans la Confédération. Ainsi débute la longue histoire des protestations de l'Ouest, qui connaîtra de nombreux développements politiques et sociaux.

 

La vie culturelle

Au début du vingtième siècle, l'Ouest canadien possède une identité régionale distincte fondée non seulement sur la réalité géographique des Prairies, mais également sur les centres urbains qui commencent à apparaître. Préoccupés par les maux sociaux qui accompagnent souvent l'urbanisation, les réformateurs des villes de l'Ouest, suivant l'exemple du mouvement City Beautiful qui a pris naissance aux États-Unis et en Europe, s'efforcent de donner aux villes nouvelles comme Winnipeg un environnement humain et urbain agréable.

 

Mais les vastes étendus des Prairies continuent à stimuler l'imagination des artistes de l'Ouest, qui créent un art régional reflétant leur environnement champêtre. La modernité de la vie urbaine suscite la curiosité d'autres artistes, qui conçoivent des attractions destinées aux citadins comme des foires et des spectacles de variétés.

 

Parmi les nombreux groupes immigrants qui s'installent dans l'Ouest et contribuent à définir sa culture et son identité, les Ukrainiens constituent le plus nombreux et le plus influent. Leurs solides liens familiaux, religieux et sociaux favorisent l'établissement d'une double identité ukrainienne-canadienne qui s'étend à l'éducation des enfants. Parfois, les habitants de longue date se sentent menacés par l'évolution de la région vers le multiculturalisme et le multilinguisme, et ils cherchent à remédier à ce qu'ils perçoivent comme une « invasion d'immigrants ». Même les gouvernements des provinces de l'Ouest sont ouvertement ambivalents au sujet de l'arrivée massive d'immigrants au début du vingtième siècle.

 

 

Mais ce qui préoccupe la plupart des nouveaux venus dans l'Ouest, c'est de s'établir avec leur famille dans un nouvel environnement. Le défi est encore plus grand pour ceux qui arrivent seul, en particulier pour les femmes qui désirent s'installer sur une ferme. Ce ne sont pas tous les nouveaux arrivants qui trouvent du travail où réussissent dans l'agriculture et, lors de la crise économique de 1913-1915, le chômage frappe durement les femmes et les hommes.

 

Dès les premières décennies du vingtième siècle, l'Ouest canadien constitue une région et une société distinctes. La nature, les villes et les habitants donnent à l'Ouest une culture originale, qui continuera à se développer au cours des décennies suivantes.

 

 

 

L'urbanisation

Bien qu'on mette généralement l'accent sur le développement de l'agriculture quand on raconte l'histoire de l'Ouest canadien, le développement urbain est également important - au moins le tiers des immigrants qui arrivent dans l'Ouest avant 1914 s'établissent directement dans les centres urbains et cette proportion ira en augmentant au cours du siècle.

 

La croissance urbaine de l'Ouest dépend largement des ressources de l'arrière-pays et de la demande extérieure pour les produits de la région. Elle repose également sur la proximité des villes et des chemins de fer. Une ville qui possède des liens ferroviaires avec les marchés extérieurs a de toute évidence beaucoup plus de chances de succès qu'une ville qui n'en a pas. Pourtant, de nombreuses villes situées sur le parcours des lignes principales de chemins de fer, même celles qui disposent de ressources considérables à exploiter, ne deviennent pas de grandes villes. Dans certains cas, la différence tient au rôle que la promotion agressive a joué dans le développement de la ville. Les promoteurs sont un groupe très uni de fonctionnaires municipaux et de chefs d'entreprise pour qui la fortune personnelle et la prospérité de la collectivité sont synonymes. Ils ont habituellement la même origine ethnique, les mêmes buts, les mêmes priorités, et ils préservent farouchement leur cohésion contre les intrus. Pour cette raison, les promoteurs urbains dominent les processus de prise de décision avec une unité remarquable - une unité qu'on ne verra probablement plus jamais dans la vie politique des Prairies.

 

Les promoteurs sont prêts à parier sur le potentiel d'une collectivité même si elle ne compte que quelques édifices et une seule boutique. Leur persévérance et leur confiance inébranlable dans les répercussions positives de leurs efforts sont souvent les ingrédients magiques qui aident de nombreux centres urbains de l'Ouest à se développer, et dans certains cas à prospérer, alors que d'autres s'étiolent dans la poussière des Prairies.

 

L'aménagement de l'environnement

Le gouvernement fédéral commence à jouer un rôle dans la transformation du territoire des Prairies en une économie plus productive lorsqu'il crée un réseau de stations de recherches agricoles. À partir des deux premières fermes expérimentales mises sur pied par le ministère de l'Agriculture à Indian Head et à Brandon en 1886, le réseau s'étend sans cesse au cours des premières décennies du vingtième siècle et englobe tous les types de sol et les régions climatiques de l'Ouest du Canada.

L'aide du gouvernement fédéral au secteur agricole prend aussi la forme d'd'ouvrages d'irrigation, dont la plupart sont situés dans le sud de l'Alberta où il faut suppléer au manque de pluie pour obtenir une production agricole satisfaisante. Au début, les ouvrages d'irrigation sont l'œuvre des entreprises privées (notamment le Canadien Pacifique et ses sociétés de placement), le gouvernement fédéral se chargeant d'offrir des concessions de terre, de faire les travaux d'arpentage ainsi que des recherches sur l'endiguement de l'eau et l'hydrographie.

Mais la préoccupation croissante du public à l'égard de la perte de vastes étendues de territoire au profit du secteur agricole force le gouvernement fédéral à se servir des pouvoirs que lui confère la Loi des terres fédérales pour établir des réserves destinées à la préservation de la faune et des forêts et pour donner plus d'envergure à son programme de parcs nationaux. Les premiers parcs nationaux de l'Ouest canadien sont concentrés dans les régions montagneuses mais, au début du vingtième siècle, le programme est élargi et inclut bientôt Elk Island (1913), Wood Buffalo (1922), Prince-Albert (1927) et Mont-Riding (1929). Grâce aux efforts de commercialisation combinés de la Direction des parcs nationaux, de la Division des renseignements sur les ressources naturelles et des chemins de fer transcontinentaux, les parcs de l'Ouest deviennent une destination de prédilection pour la fructueuse industrie touristique alors en expansion.

 

Les scientifiques du gouvernement poursuivent également leur travail d'appui aux industries du pétrole et des mines. Les géologues de la Commission géologique du Canada dressent la carte du substrat des Prairies et contribuent à la découverte du premier champ de gaz naturel à Medicine Hat (1904) et du premier champ de pétrole à Turner Valley (1910).

 

Les protestations

L'Alberta et la Saskatchewan, deux provinces des Prairies qui faisaient jusqu'alors partie des Territoires du Nord-Ouest (dont les frontières seront délimitées en 1875), obtiennent le statut de province en 1905. Elles ne peuvent cependant exercer le contrôle sur leurs ressources naturelles avant 1930.

Bien avant de se joindre au Dominion du Canada, l'Ouest éprouve déjà une antipathie profonde pour l'Est, car il croit que ses intérêts n'y sont pas défendus. Avant la Première Guerre mondiale, les habitants de l'Ouest sont généralement méfiants à l'égard du gouvernement fédéral, qui semble favoriser davantage le triangle Ottawa-Montréal-Toronto, plus densément peuplé, que les autres parties du pays. Lorsque, en 1917, le premier ministre Robert Borden accorde aux fermiers de l'Ouest l'exemption du service militaire puis renie sa promesse quelques semaines plus tard, la tradition de protestation de l'Ouest, déjà bien établie, se trouve renforcée.

 

La situation se dégrade avec la crise économique d'après-guerre, qui provoque le mécontentement de la classe ouvrière. L'Ouest est alors mûr pour l'affrontement. La grève générale de Winnipeg de 1919 en est une manifestation éclatante. Les élites urbaines sont très inquiètes, et les militants syndicaux et politiques, dont plusieurs seront arrêtés et emprisonnés pour leur démonstration de solidarité ouvrière, se rassemblent par milliers. Le pasteur méthodiste J.S. Woodsworth, figure au nombre des manifestants. Accusé d'écrits séditieux, il sera incarcéré pendant une courte période. Cette grève sans précédent dans une ville importante de l'Ouest montre que tout ne va pas pour le mieux dans les Prairies.

Partout au Canada, des milliers de travailleurs amassent des fonds, font des manifestations et déclenchent des grèves de solidarité pour manifester leur soutien aux grévistes de Winnipeg, pendant que le premier ministre conservateur Borden et les membres de son Cabinet sont de plus en plus convaincus que la révolution communiste est sur le point d'éclater. Ils croient que les grévistes veulent créer la One Big Union, détruire le syndicalisme horizontal et fomenter la révolution. Les conservateurs fédéraux, de même que les membres du Citizens' Committee of One Thousand, proclament que les troubles sont dûs en bonne partie aux « étrangers », qui devraient être déportés. Par conséquent, le gouvernement fédéral intervient. Le premier ministre Borden autorise la Royale gendarmerie à cheval du Nord-Ouest à arrêter 11 des dirigeants syndicaux à l'aube du 17 juin 1919.

 

Le conflit de Winnipeg n'est cependant qu'une des manifestations du mécontentement de l'Ouest. Pendant et après la Première Guerre mondiale, les réformateurs sociaux de l'Ouest réclament la prohibition et le droit de vote pour les femmes, qui sont pour eux des éléments d'un combat plus général pour que règnent l'ordre et l'égalité au sein de la Confédération canadienne. Entre-temps, les militants politiques, fatigués de la domination des partis de la vieille garde qui ne reconnaissent pas la contribution de l'Ouest à l'économie et à l'administration du Canada, se tournent vers des mouvements de protestation représentés par des tiers partis pour exercer une influence. Un parti dissident est ainsi créé, le Parti progressiste, qui remporte suffisamment de sièges aux élections fédérales de 1921 pour former l'opposition officielle.

Dans les années 1920, on peut dire que l'Ouest possède une identité régionale bien établie, qui se manifestera d'ailleurs d'une façon qui lui est propre dans le cadre des futurs mouvements de protestation politique et sociale. Au cours des années à venir, le reste du Canada devra à coup sûr se réveiller. 


20/01/2013
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INDIENS D’AMÉRIQUE ET CANADA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


19/01/2013
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Le mode de vie des Pieds-Noirs

La nourriture : l'importance de la conservation

La viande rapportée au camp était traitée le plus rapidement possible et préparée pour la cuisson ou la conservation. Le principal moyen employé par les Pieds-Noirs pour préserver la viande était le séchage. Pour ce faire, ils la coupaient en fines lanières, qu'ils suspendaient ensuite au soleil. Ils entreposaient la viande séchée dans des contenants de cuir, auxquels ils ajoutaient de la menthe séchée pour éloigner les insectes. À l'automne, ils mélangeaient également des fruits sauvages déshydratés à la viande séchée et ils broyaient cette préparation à l'aide d'un maillet de pierre. Ils y incorporaient ensuite de la graisse pour obtenir le moki-maani (pemmican). Le moki-maani permettait souvent d'éviter la famine au cours de l'hiver.

 

 

 

Cuillère; des Plaines; années 1940, corne de bison, 33 cm (longueur) x 6,5 cm (largeur)

 

L'éducation des enfants : une responsabilité partagée

Suivant la tradition, les Pieds-Noirs campaient regroupés en clans, et toutes les femmes prenaient soin des nouveau-nés. Quelques mois après la naissance, les parents consultaient un adulte respecté pour qu'il nomme leur enfant. Ce nom, qui reflétait les accomplissements de la personne respectée, était censé attirer sur l'enfant le bonheur et la réussite. Les Pieds-Noirs nomment toujours leurs enfants de cette façon.

Les Pieds-Noirs surveillaient l'évolution de leurs enfants avec attention et patience. Les enfants avaient la possibilité de développer leurs habiletés naturelles sans trop d'entraves. Lorsque qu'ils se conduisaient mal, ils étaient réprimandés par leurs oncles et leurs tantes. Les punitions corporelles étaient rares; on n'y avait recours que si les autres moyens s'étaient montrés inefficaces.

 

Les tipis : des abris idéaux dans les Prairies

Parfaitement adaptés au climat venteux des Prairies, les tipis pouvaient servir d'abris, d'endroits pour dormir et de lieux de cérémonie. Ils étaient faciles à transporter. Les Pieds-Noirs se servaient de travois faits de pin tordu et de saule pour les déplacer. Les tipis étaient traditionnellement fabriqués avec des peaux, jusqu'à ce qu'on commence à les confectionner avec de la toile. Les images fascinantes qui ornent les tipis sont beaucoup plus que de simples décorations : elles servent à unir les gens avec les Êtres célestes. L'obtention du droit d'utiliser ces symboles est un privilège, et il doit faire l'objet d'une cérémonie formelle.

 

Les hommes et les femmes : cohabitation et collaboration

Les histoires anciennes des Pieds-Noirs décrivent les rôles différents mais complémentaires qu'assumaient les hommes et les femmes dans cette société. Le respect et le soutien mutuels constituaient pour les hommes et les femmes des valeurs très importantes, car ils comprenaient à quel point ils avaient besoin l'un de l'autre pour survivre. Les hommes quittaient fréquemment le camp pour aller chasser ou défendre le territoire, tandis que les femmes s'occupaient principalement du camp. Elles y accomplissaient des tâches essentielles telles que la préparation de la viande séchée, le tannage des peaux et la confection des vêtements et des revêtements de tipis.

 

Le bison : chasser pour survivre

Les Pieds-Noirs chassaient fréquemment le bison – les bêtes solitaires autant que les petits troupeaux – qu'ils encerclaient en silence avant de les abattre. Jadis, le pisskan, ou le « précipice à bisons », constituait aussi une méthode de chasse très importante. Les hommes attiraient les troupeaux vers une falaise abrupte et tuaient ainsi des centaines de bêtes à la fois. Le pisskan était complexe, difficile et dangereux. Il exigeait une bonne coordination et la participation de plusieurs clans.

 

 

La vie spirituelle : tout est sacré

Aux yeux des Pieds-Noirs, tout ce qui les entoure est sacré. Il est donc essentiel pour eux de reconnaître la présence du Créateur et des Êtres spirituels. Chaque année, tous les clans de Pieds-Noirs se réunissent à l'occasion d'un rassemblement appelé ako katssin (« l'époque du campement collectif »), afin de raffermir leur lien avec l'univers. Ce rassemblement peut durer jusqu'à trois semaines. Son point culminant est l'ookaan, une cérémonie au cours de laquelle les individus renouvellent leur union avec Natosi, le soleil et source de vie.

Ce rassemblement est aussi l'occasion pour les membres des Sociétés sacrées de se réunir et de procéder à des cérémonies, afin de se remémorer la façon dont les Ballots sacrés et les rituels ont été transmis aux Pieds-Noirs. Les Ballots sacrés contiennent des objets offerts aux Pieds-Noirs par les Êtres spirituels. On s'en sert dans les cérémonies pour raffermir les liens avec les Êtres spirituels et le Créateur et pour demander de l'aide. Les Ballots sacrés et les cérémonies doivent demeurer privés.

 

Les danses sociales : du petit rassemblement au pow-wow

La danse a toujours occupé une place importante dans la vie sociale des Pieds-Noirs. Ils se réunissaient souvent dans une résidence pour pratiquer la danse ronde, la danse du hibou ou la danse du serpent. Lors des grandes occasions, ils se rassemblaient parfois dans des salles communautaires. Aujourd'hui, les Pieds-Noirs pratiquent surtout leurs danses dans les pow-wow. Ces fêtes modernes regroupent des personnes de diverses nations qui viennent commémorer leur patrimoine autochtone par la danse, la musique et le chant. Les types de danses pratiqués aujourd'hui proviennent de diverses régions de l'Amérique du Nord. La danse « buckskin », réservée aux hommes, la danse traditionnelle des femmes, de même que la danse du « poulet », sont toutes originaires du territoire des Pieds-Noirs.

 

LA PÊCHE CHEZ LES AUTOCTHONES

DU CANADA ATLANTIQUE

 

Dans le Canada atlantique vivent aujourd'hui plus de 50 000 personnes d'ascendance autochtone. Ces Premières nations sont :

 

- les Mi'kmaqs du Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Écosse, d'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve;
- les Malécites de l'ouest du Nouveau-Brunswick, et leurs proches parents, les Passamaquoddys du sud du Nouveau-Brunswick et de l'est du   Maine;
- les Montagnais/Naskapis ou Innus du sud-est du Québec et du sud du Labrador.

 

La population actuelle se compare à environ 15 à 20 000 personnes à l'époque des premiers contacts avec des Européens, aux XVIe et XVIIe siècles.

 

L'archéologie nous apprend que des Autochtones vivent dans les provinces maritimes du Canada depuis au moins 11 000 ans, dans le Labrador depuis plus de 9000 ans, et dans l'île de Terre-Neuve depuis au moins 6 à 7000 ans,et probablement davantage.

 

Tout au long de leur histoire, les peuples autochtones ont dépendu des riches ressources marines de la région pour leur survie. Leur connaissance intime de l'environnement, ainsi que leur maîtrise de techniques de pêche et de chasse et d'autres technologies, leur permettaient d'exploiter avec succès les ressources nombreuses et diverses de la région sur terre et dans la mer, les cours d'eau et les lacs.

 

 

Bien que chaque communauté autochtone eût son caractère distinctif, elles partagèrent savoir et techniques au long de centaines de générations. Aujourd'hui, nous connaissons des peuples anciens grâce à des traditions orales, des documents historiques et particulièrement pour la longue période de 11 000 ans, antérieure aux contacts avec les Européens, des témoignages archéologiques. Ces interprétations reposent souvent sur des déductions et des spéculations sur la base de données limitées ou incomplètes. Ce sont néanmoins nos seules fenêtres sur le passé.

 

Une définition de la pêche
La pêche est traitée ici dans son sens le plus large comme étant l'exploitation de toutes les ressources marines et en eaux douces. S'y trouve incluses la chasse aux mammifères marins tels que le phoque et le morse, et même la cueillette de coquillages, aliment de base important pour de nombreuses communautés côtières.

 

La pêche était une activité à laquelle les peuples autochtones se livraient toute l'année, et, à l'époque historique, les peuples des Maritimes suivaient des modes saisonniers souvent liés à la présence de poissons spécifiques.

 

Le paysage atlantique d'un lointain passé
Le Canada atlantique d'aujourd'hui est très différent de ce qu'ont connu les premiers Autochtones juste après la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 11 000 ans. On croit souvent que les changements majeurs du paysage sont un phénomène ancien, associé aux premiers stades de la formation de la croûte terrestre. Cependant, du point de vue géologique, les périodes de glaciation sont un phénomène très récent. La dernière période glaciaire a duré d'il y a 25 000 à 15 000 ans et a eu une influence profonde sur notre géographie d'aujourd'hui.

 

Les géologues marins et d'autres spécialistes ont pu reconstituer le paysage en évolution du Canada atlantique. La plus récente période de glaciation, ou période glaciaire, a pris fin il y a environ 15 000 ans, époque où des gens vivaient dans des régions plus chaudes, plus au sud. Il y a de 11 à 12 000 ans, les glaciers s'étaient retirés de la plus grande partie des Maritimes et s'étendaient au nord du golfe du Saint-Laurent. Le climat de cette époque était beaucoup plus frais que celui d'aujourd'hui et la terre évoquait beaucoup la toundra dépourvue d'arbres du nord du Canada aujourd'hui.

 

Les premiers témoignages de pêche
On a pêché dès les temps anciens. Des têtes de harpon en pierre vieilles de 9 à 10 000 ans ont été trouvées dans l'Île-du-Prince-Édouard et dans les îles de la Madeleine. Elles constituent les premiers indices de l'exploitation par des peuples côtiers anciens des ressources marines du Canada atlantique. Ces têtes de harpon servaient probablement à tuer le morse, le phoque et d'autres mammifères marins.

 

On croit que des descendants de ces premiers pêcheurs chassaient déjà il y a 9000 ans le long de la côte québécoise du golfe du Saint-Laurent et sur la côte adjacente du sud du Labrador.

 

Une technologie ancienne de chasse aux mammifères marins
À L'Anse Amour (Labrador), des archéologues ont découvert un monticule unique de pierres datant d'il y a plus de 7500 ans. Les restes d'un jeune adolescent étaient profondément enfouis sous ce monticule. Était ensevelis avec lui tout un éventail d'outils de chasse et de pêche; une défense de morse et une tête de harpon en os se trouvaient parmi eux. Cela a donné à penser aux archéologues que ce garçon est peut-être mort lors d'une chasse au morse.

La tête de harpon distinctive en os est l'un des premiers spécimens de technologie de harpons à tête détachable connus en Amérique du Nord, ce qui suggère une longue tradition et une connaissance de la chasse aux mammifères marins. Le harpon à tête détachable est une technique sophistiquée adaptée à la chasse aux mammifères marins. La tête se détache du harpon, mais une fois enfoncée dans l'animal elle tourne sur elle-même et reste attachée à une ligne récupérable, ce qui empêche la proie de s'échapper ou de couler.

 

 

La pêche sur la côte et au large
Les eaux côtières et de haute mer du Canada atlantique sont caractérisées par les côtes accidentées et rocheuses de Terre-Neuve et du Labrador et les rivages plus doux et les plages de sable du sud du golfe du Saint-Laurent. Ces côtes et ces eaux offrent des habitats extrêmement divers pour tout un éventail de mammifères marins, dont des baleines petites et grandes, des marsouins et des phoques.

 

Les îles au large attirent aussi en grand nombre des oiseaux aquatiques et des mammifères marins, le phoque du Groenland étant l'un des plus importants à y migrer. À la fin de l'hiver et au début du printemps, ils descendent de l'Arctique sur des packs, jusqu'au golfe du Saint-Laurent.

 

La chasse aux mammifères marins
Les témoignages archéologiques provenant de la côte et des lacs et cours d'eau de l'intérieur de Terre-Neuve et du Labrador sont particulièrement riches pour la période d'il y a 4500 à 1500 ans. Les gens qui vivaient alors dans cette région sont appelés Dorsétiens.

 

À Port au Choix (Terre-Neuve), des vestiges archéologiques exhumés dans différents sites de villages et plusieurs cimetières montrent que, pendant plusieurs milliers d'années, cet endroit fut un populaire lieu de pêche et de chasse aux mammifères marins pour les Dorsétiens et des peuples ayant vécu antérieurement dans les Maritimes.

 

Un large éventail d'objets utilitaires et ornementaux bien préservés témoigne d'une vie étroitement liée à la mer. Les anciens possédaient des outils élaborés de pêche et de chasse aux mammifères marins leur permettant d'exploiter les ressources marines du rivage et du large. Ils savaient aussi comment parcourir de longues distances.

 

Le morse de l'Atlantique était autrefois abondant, mais il se fait aujourd'hui remarquer par son absence dans les eaux côtières de l'Est. Au Canada, on ne le trouve plus que sur les côtes de l'Arctique.

 

 

 

Dès les temps les plus anciens, le morse a été une importante source de nourriture et d'huile. On le prisait aussi pour son ivoire et ses os, dont on faisait des outils et des ornements, et pour sa peau solide aux nombreux usages. Dans un site archéologique découvert tout récemment dans la région de Tantramar, en Nouvelle-Écosse, des restes de morse ont été trouvés avec un grand nombre de poids ou de plombs à pêche datant d'il y a environ 3500 ans.

 

Les secteurs du Canada atlantique les plus riches en morse étaient les îles de la Madeleine, l'île au Sable et la côte sud de Terre-Neuve. On croit que la population de morses des îles de la Madeleine était encore de plus de 100 000 individus en 1750. Une chasse intensive et une demande élevée d'ivoire et d'huile de morse avaient détruit toute la population vers 1800.

 

La technologie navale
Nous ne disposons d'aucun témoignage archéologique direct de l'existence de bateaux à une époque ancienne, mais nous savons sur la foi d'outils spécialisés et de restes d'ossements d'animaux exhumés qu'on chassait les mammifères marins et les oiseaux au large. Nous savons également qu'on parcourait à date très ancienne des distances considérables à travers de grandes étendues d'eau. Des trouvailles dans les îles de la Madeleine, qui sont isolées au milieu de la mer, indiquent qu'on traversait le golfe du Saint-Laurent depuis au moins 9000 ans. Ces gens ne pouvaient le faire que s'ils disposaient d'une technologie navale efficace.

 

Nous ne pouvons que spéculer sur le moment où l'on a créé les premières embarcations. De nombreux archéologues croient qu'il y a 11 000 ans, les peuples les plus anciens du Canada atlantique connaissaient dans une certaine mesure le transport sur eau. Parmi les embarcations anciennes que l'on trouve ailleurs dans le monde figurent des bateaux recouverts de peau et d'écorce, des bateaux en roseaux, des radeaux et des pirogues creusées dans des rondins, et les archéologues croient que des embarcations semblables existaient aussi dans le Canada atlantique.

 

 

De lourds instruments de travail du bois vieux de quatre mille ans trouvés à Port au Choix (Terre-Neuve), et dans un site semblable de Twillingate (Terre-Neuve), servaient probablement à construire des pirogues. La plupart des types d'embarcations, dont les bateaux en peau de caribou et de morse, ont existé jusqu'à l'époque historique, mais on soupçonne que l'embarcation la plus efficace, le canot d'écorce, a été créée il y a environ 3000-3500 ans. La disparition il y a environ 3500 ans de la gouge utilisée pour évider les rondins vient confirmer cette théorie.

 

Les Mi'kmaqs, les Beothuks de Terre-Neuve et les Malécites/Passamoquoddys utilisaient tous une variante ou l'autre du canot en écorce de bouleau.

 

Les Mi'kmaqs conçurent plusieurs styles d'embarcations en écorce de bouleau convenant à la fois aux grandes étendues d'eau et aux rivières. Le canot d'écorce de sept à neuf mètres, qui va en mer, avec son avant et son arrière arrondis distinctifs et ses plats-bords centraux élevés, est caractéristiquement mi'kmaq. Il était suffisamment fiable pour traverser le golfe du Saint-Laurent entre Terre-Neuve et le cap Breton, en Nouvelle-Écosse. Une version plus courte, de quatre à six mètres de longueur, était plus facile à manipuler et plus légère, et convenait particulièrement aux cours d'eau et aux baies côtières et estuaires protégés.

 

Tout comme le canot mi'kmaq, le canot d'écorce beothuk pouvait affronter la haute mer et se rendre jusqu'à des îles au large à la recherche d'oiseaux et de mammifères marins. Les plats-bords élevés empêchaient l'embarcation de s'emplir d'eau quand on tirait des phoques et d'autres animaux hors de l'eau.

 

Le canot malécite, que l'on manœuvrait avec des pagaies ou des perches, était léger, stable et idéal pour les cours d'eau et les lacs peu profonds du Nouveau-Brunswick et du Maine. Le rabat d'écorce protecteur, ou wulegessis, sur l'avant et l'arrière était un caractère distinctif. Il était souvent décoré d'une marque ou d'un symbole personnel du propriétaire ou du constructeur du canot. Nombre des canots de plaisance d'aujourd'hui s'inspirent de plans malécites.

 

La pêche dans les estuaires et les cours d'eau
Les peuples autochtones de toutes les régions du Canada atlantique dépendaient beaucoup d'un vaste éventail de ressources ichtyques ou marines accessible toute l'année dans les estuaires côtiers et leurs affluents.

 

Un estuaire est la partie d'un fleuve où son courant rencontre la mer. Les marées affectent tant les fleuves que les estuaires salés, souvent loin de l'océan. À l'époque antérieure aux contacts et à l'époque historique, les endroits, en amont, où la marée commençait à se faire sentir étaient souvent l'emplacement de lieux de pêche, de campements ou de villages. Des endroits comme Red Bank, sur la rivière Miramichi, est de vivantes localités où la pêche demeure une importante activité saisonnière. Au lieu Oxbow, qui se trouve au point où la marée commence à se faire sentir, les saumons et les gaspareaux sont pêchés lors de leurs migrations saisonnières depuis des milliers d'années.

 

Un autre endroit de ce genre est Aucpac, village malécite d'époque historique situé juste en amont de Fredericton, sur le fleuve Saint-Jean. Autrefois important campement de pêche saisonnier, il se trouve à près de 100 km dans l'intérieur des terres, au point extrême où la marée se fait sentir. C'était également la limite en amont du frai du bar rayé, espèce d'eau salée qui ne remonte en amont qu'à la limite des marées. Lors de leur frai printanier, les bars rayés étaient capturés en grand nombre à la lance et au filet.

 

 

On trouvait communément des lagunes peu profondes protégées à l'entrée des estuaires à marées, par exemple le long de la côte est du Nouveau-Brunswick et du Cap Breton. Elles procuraient une autre source de poissons d'eau douce et d'eau salée abondants et facilement accessibles.

Des barrages faits de branches tressées étaient construits à travers les étroits chenaux d'estuaire pour attraper des poissons.

Les archéologues ont trouvé de nombreuses haches de pierre le long des rives des rivières et des estuaires. Elles servaient à tailler des perches et à fabriquer des pirogues.

On se servait largement de filets de fibres végétales et de tendons. Les vestiges en sont rares, mais des comptes rendus historiques en font la description et des chroniqueurs européens anciens en font mention.

 

 

La vie de la marée : la zone intertidale
Les nombreux rivages, baies et îles côtières protégés du Canada atlantique sont moins exposés aux éléments. Les secteurs côtiers connaissant de fortes marées tels que la baie de Fundy du Nouveau-Brunswick et de Nouvelle-Écosse étaient particulièrement riches en vie marine.

Les coquillages - ainsi que des aliments séchés et fumés - constituaient toute l'année une partie essentielle du régime autochtone sur ces côtes. On pouvait facilement ramasser à marée basse des mollusques et d'autres plantes et animaux comestibles qui constituaient une source importante de protéines pendant le long hiver.

On jetait les coquilles, lesquelles, avec le temps, formaient de gros amas atteignant souvent plusieurs mètres de profondeur. On en trouve dans de nombreuses parties des Maritimes et de Nouvelle-Angleterre.
Au Nouveau-Brunswick, la baie Passamaquoddy, où se produisent les marées les plus fortes du monde, contient des centaines de tels sites. Les couches multiples de sol et de coquilages de ces amas montrent que la région a été régulièrement fréquentée au moins au cours des 3000 dernières années. Les coquillages sont ceux de clams, d'huîtres, d'oursins, de modioles, de pétoncles, de moules bleues, de buccins, de patelles, de bigorneaux, de saxicaves et d'anatifes.

Les amas de coquilles racontent une histoire complexe. Ces os, pierres, coquilles et morceaux de céramique nous révèlent l'âge du site ainsi que la saison où il était fréquenté. Ils nous fournissent aussi des indices sur le régime alimentaire des habitants ainsi que sur leur technologie et leurs activités quotidiennes. L'alcalinité élevée attribuable au calcium des coquilles crée un environnement unique préservant des matières organiques telles que les os d'animaux terrestres et marins ainsi que les outils jetés.

 

 

Les Autochtones façonnaient des bâtons de bois ou d'os pour creuser à la recherche de clams enfouis dans le sable. On emmenchait des outils sculptés affûtés sur un bâton et on s'en servait « à la manière d'une houe ».Des températures plus douces et un accès plus facile à la nourriture encourageaient les gens à s'installer sur la baie Passamaquoddy pendant les mois d'hiver. Les habitations étaient normalement du même type que les wigwams des Algonquins de l'Est, mais étaient plus solidement construites et enfoncées dans le sol pour être mieux protégées des éléments.

 

La rencontre de deux mondes
Les contact des Européens avec les peuples autochtones aux XVe et XVIe siècles entraînèrent des changements sociaux, culturels et technologiques qui eurent des conséquences économiques et sociales irréversibles sur leur vie et les ressources ichtyologiques.

 

Malgré l'introduction d'articles commerciaux tels que des marmites de cuivre et des outils de fer à partir des XVe et XVIe siècles, les méthodes de pêche et le mode de vie traditionnels n'ont guère changé avant le XXe siècle. Toutefois, l'accessibilité de plus en plus limitée, voire l'inacessibilité totale, des lieux de pêche traditionnels, et la diminution de la mobilité en raison de la création des réserves, privèrent nombre de communautés amérindiennes de ressources de pêche. Ces changements forcèrent de nombreux hommes à mettre à profit leur connaissance de la chasse et de la pêche ainsi que de l'environnement naturel pour devenir guides pour les chasseurs et pêcheurs sportifs.

 

Les Beothuks : la lutte pour la survie
Bien que les Beothuks de Terre-Neuve fussent l'un des premiers groupes autochtones rencontrés par des Européens, il n'y eut guère d'interaction entre eux pendant plus de trois siècles.

 

Des objets faits de matières premières locales et européennes ont été exhumés dans une maison beothuk (mamateek) du milieu du XVIIIe siècle à Red Indian Lake, dans l'intérieur occidental de Terre-Neuve. Les Beothuks avaient récupéré des métaux jetés dans des campements de pêche et des villages non autochtones et les avaient retravaillés pour en faire des outils de pêche et de chasse traditionnels. À l'aide de marteaux de pierre et d'autres outils de pierre ou de métal, on avait découpé des morceaux de métal dans des lames de hache, des bouilloires et des objets tels que des charnières et des clous. En le martelant, en le découpant et en l'affûtant au moyen d'une pierre à aiguiser, on avait transformé le métal découpé en un assortiment d'instruments de style traditionnel soigneusement façonnés.

 

Les Beothuks constituent un exemple éloquent d'une culture en transition. L'interaction avec les marchands et les pêcheurs demeura dans une grande mesure empreinte d'hostilité jusqu'à la mort du dernier Beothuk connu en 1829.

 

Les pêches aujourd'hui : une ressource en crise
Les ressources ichtyques dont ont vécu les communautés du Canada atlantique pendant des milliers d'années se sont amenuisées au cours des cinq derniers siècles et, dans certains cas, ont totalement disparu du fait de la surpêche. La concurrence pour des ressources maintenant rares a créé une crise croissante dans les pêches de l'Atlantique.

 

Depuis plus de dix ans, des groupes autochtones des quatre coins du Canada atlantique vivant dans les réserves ou hors de celles-ci participent activement avec divers ordres de gouvernement à l'élaboration de programmes de conservation et de gestion des stocks de poissons.

 

On trouve des exemples de ce partenariat dans de nombreuses communautés autochtones à travers le Canada atlantique. Par exemple, au Nouveau-Brunswick, au sein de la Première nation de Red Bank, des pêcheurs travaillent depuis plusieurs années à conserver, contrôler et gérer la pêche au saumon par le biais de programmes d'empoissonnement et de pêche.

 

Les Mi'kmaqs de la Première nation Miawpukek, à Conne River, dans le sud de Terre-Neuve, sont un autre exemple. Depuis le début des années 1990, les Miawpukek de Conne River ont mis en œuvre un plan de gestion des pêches qui réunit diverses initiatives, notamment d'amélioration de la conservation, de pêche, de protection et d'application des règlements. Aujourd'hui, à Conne River, les Miawpukek poursuivent leur tradition d'exploitation des ressources alimentaires de la mer grâce à ces initiatives.

 

Les poupées des premières Nations

 

Mon peuple a toujours fabriqué des poupées », de répondre un créateur de poupées autochtone quand on lui demande de raconter l'histoire de la confection des poupées chez les Premières Nations. Puisque ces poupées se composaient habituellement de matériaux naturels, tels le bois, le cuir, la fourrure et la spathe de maïs, qui se décomposent dans les climats tempérés, il en reste peu d'exemplaires.

Les poupées en épis et en spathes de maïs sont populaires chez les peuples des Six Nations de la région du lac Ontario qui cultivent le maïs. Les poupées en spathes de maïs, qui représentent des joueurs de crosse ou des danseurs de cerceau, sont un reflet de leur culture. Dès le XVIIIe siècle, les Algonquins fabriquent des poupées avec des têtes et des mains en cire d'abeille. Les peuples des Plaines créent des poupées en cuir et ornent leurs vêtements en cuir à franges de piquants de porc-épic. Après 1840, ils peuvent se procurer des perles européennes avec lesquelles ils remplacent les piquants.

On offre des poupées aux jeunes Montagnaises et Naskapies et on invite celles-ci à leur confectionner des vêtements pour affiner leurs talents pour la couture. Les poupées servent également de porte-bonheur, d'amulettes et de fétiches. Sur la côte ouest, les poupées salishs sont revêtues de couvertures que l'on décore de petits coquillages avant l'apparition des boutons. On obtient aussi par troc des poupées à tête de porcelaine. Après avoir parfois habillé les poupées de vêtements autochtones et les avoir déposées dans de petits porte-bébés, on les offre comme jouets aux enfants.

 

 

 

Les poupées innuits de la préhistoire à nos jours

 

Les plus vieilles poupées trouvées au Canada ont été confectionnées, il y a environ mille ans, par les ancêtres des Inuit qui vivaient à Brooman Point sur l'île Bathurst. Les Inuit habitent l'Arctique depuis au moins deux mille ans; nous ne savons pas à quel moment de leur histoire ils ont commencé à confectionner des poupées, mais c'est certainement une tradition très ancienne.

 

On voit bien que ces minuscules poupées étaient des jouets. On pouvait les ranger dans une mitaine ou dans un capuchon et les transporter ainsi au gré des déplacements de la communauté en quête de nourriture. Les fillettes inuit apprenaient à couper et à coudre peaux et fourrures en fabriquant des poupées à jouer. Il fallait commencer à coudre dès l'enfance, car les vêtements chauds et imperméables étaient essentiels à la survie.

Les chasseurs inuit fixaient parfois une petite poupée à leur bateau comme porte-bonheur. Aujourd'hui, les poupées inuit sont fabriquées pour les collectionneurs et les touristes. Elles sont habituellement beaucoup plus grandes et comportent des matériaux modernes.

 

 

 

Les poupées des colons confectionnées à la maison

 

L'étude des poupées des colons met en lumière la riche histoire des premiers pionniers canadiens. Les origines ethniques des colons, leur créativité, leur statut socio-économique, et les ressources dont ils disposent contribuent à la grande variété des poupées de l'époque.

 

La poupée confectionnée à partir d'une partie d'arbre est l'une des poupées les plus simples. On choisit un bout de racine ou de branche dans lequel on reconnaît une forme humaine. On y peint ou on y sculpte grossièrement un visage, puis on emmaillote le « bébé ». On utilise aussi des cuillères en bois sur le dos desquelles on peint le visage de la poupée. Pour les enfants plus âgés, on crée parfois des poupées en bois sculptées plus raffinées avec des bras et des jambes articulés.

 

La beauté et la résistance des poupées en tissu dépendent du talent des parents qui les fabriquent. Certaines ont de beaux visages brodés, d'autres des traits peints. Leurs cheveux sont humains ou en laine, et leurs vêtements rappellent ceux des enfants.

Le « bonhomme danseur » a la faveur tant des filles que des garçons. Son corps en bois est articulé aux chevilles, aux genoux, aux hanches, aux épaules et aux coudes, et on peut le faire danser à l'aide d'un bâton inséré dans son dos. Il faut beaucoup de talent pour faire bouger la poupée au rythme de la musique ou d'une chanson. C'est une des façons de se divertir avant la naissance de la télévision.


18/01/2013
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LES INUVIALUIT DE L’OUEST

Les Inuit qui vivent dans l'ouest de l'Arctique canadien aiment s'appeler «Inuvialuit» ou «les vrais êtres humains.» Leur territoire s'étend des frontières de l'Alaska jusqu'au golfe d'Amundsen à l'est et à la limite occidentale des îles de l'Arctique canadien. C'est un territoire de toundra vallonné et de montagnes rocheuses élevées, traversé par le labyrinthe du delta du fleuve Mackenzie.

Les maladies infectieuses d'origine européenne ont fortement perturbé la culture traditionnelle des Inuvialuit à la fin du XIXe siècle, avant qu'on ait eu l'occasion de consigner par écrit les observations détaillées de leur mode de vie. Ce que nous savons a été glané des histoires orales traditionnelles, de la recherche archéologique, des documents rédigés par divers explorateurs du XIXe siècle ou par des marchands de fourrure ou encore par des missionnaires qui ont visité l'ouest de l'Arctique.

 

Le territoire

La faune constitue de toute évidence la plus grande richesse du patrimoine naturel des Inuvialuit. Leur pays est le territoire de deux grands troupeaux de caribous; la harde de la rivière Porc-épic dans le nord du Yukon et la harde de Bluenose à l'est du fleuve Mackenzie. Dans la vallée de la rivière Horton, on y trouve aussi des boeufs musqués qui autrefois débordaient de la région jusqu'à la rivière Anderson. On compte deux espèces d'ours; les ours blancs sur la côte, et les ours gris à l'intérieur. Les lacs de marmites de géants et les fondrières sont nombreux; en été les oiseaux aquatiques abondent dans toute la région.

 

 

Au large des côtes, dans les eaux de la Mer de Beaufort, on rencontre de grosses baleines franches et deux espèces de phoques: le phoque annelé et le phoque barbu. Le belouga, une petite baleine blanche munie de dents et mesurant environ quatre mètres de long passe l'été en grand nombre dans la Mer de Beaufort. Les belougas s'attroupent par douzaines ou même par centaines aux endroits les plus riches en aliments dans l'estuaire du fleuve Mackenzie. Et les poissons d'eau douce ou anadromes sont abondants presque partout, même les espèces importantes comme le corégone tschir et le grand corégone, l'inconnu, la truite de lac, le cisco arctique et la lotte commune.

 

Seules les montagnes de Richardson brisent la monotonie de l'ouest de l'Arctique, généralement plat. Les rivières ont un débit plutôt lent et s'étirent en méandres; les pingos (sorte de cônes géants produits par la gelée) sont des formations terrestres caractéristiques, constituant souvent le seul relief topographique à perte de vue. Comme dans plusieurs régions nordiques qui n'ont pas connu les glaciations au cours du dernier Âge glaciaire, le territoire s'affaisse graduellement. Dans plusieurs régions, l'érosion ronge chaque année jusqu'à dix mètres de côte en une seule saison - et les îles, jadis des régions importantes d'établissements - sont maintenant inondées à chaque marée tumultueuse.

 

Comparativement au reste de l'Arctique, ce pays ne manque pas de végétation. Au nord, quelques épinettes s'attardent à la limite de la marée dans le delta du Mackenzie et des hauts lacs Eskimo. D'immenses rangées de bois de dérive du Mackenzie couvrent le rivage. La péninsule de Tuktoyaktuk et le versant septentrional de la Yukon sont, en été, verdoyants d'herbes, de saules et de buissons, souvent trop denses pour les traverser à pied et infestés de moustiques. C'est seulement à l'extrême nord-est, vers Cap Bathurst, que le voyageur rencontre encore des vestiges de neige en été et une végétation parsemée comme on en trouve, par exemple, dans le centre de l'Arctique. Les hivers sont rigoureux, avec une température moyenne voisinant les -25 et -35 C en janvier ou février. Par contre, les étés ont tendance à se prolonger un bon mois comparativement au centre de l'Arctique où la fonte des glaces survient tard en juin plutôt qu'en juillet ou août. En été, les mers sont généralement dégelées vers le milieu de juilllet, et ne recommencent pas à geler avant la fin d'octobre.

 

Les habitants - Les villages

Aux premiers contacts des Européens au début du XIXe siècle, les Inuvialuit se composaient d'une demie douzaine de groupes territoriaux ou «nations.» La plupart semble avoir eu un village principal qui servait à les identifier grâce au suffixe «...miut», qui signifie «gens de.» Par exemple, les Kittegaryumiut étaient "les gens de Kittigazuit," un gros village près de l'embouchure du fleuve Mackenzie; les Avvagmiut étaient «les gens d'Avvak,» un village de Cap Bathurst. La taille des nations inuvialuit variait de quelques centaines à quelques milliers de personnes.

 

En tout il y avait au moins 2500 Inuvialuit au début du XIXe siècle, à peu près autant que le nombre total d'Inuit vivant dans le reste de l'Arctique canadien jusqu'à la baie d'Hudson. Ils vivaient peut-être dans la région la plus riche du nord du Canada et avient une densité de population plusieurs fois supérieure à celle du centre de l'Arctique. Fiers de la richesse de leurs villages, de la permanence de leurs maisons de rondins et de gazon, et de la puissance de leurs chefs, les Inuvialuit considéraient leurs voisins de l'est comme (selon le compte-rendu d'un ancien missionaire) de fieffés sauvages.

Les villages Inuvialuit se composaient typiquement d'une série de grandes maisons de rondins et de gazon partiellement enfouies dans le sol pour conserver la chaleur. C'était souvent des maisons multi-familiales cruciformes, mais il y avait aussi des habitations unifamiliales. Les murs étaient formées de perches plantées dans le sol et légèrement penchées vers le sommet pour maintenir en place le gazon qui, empilé contre le mur, servait d'isolation. Le plancher était surbaissé par rapport au niveau du sol pour favoriser la conservation de la chaleur, et l'entrée principale s’effectuait par un sas thermique encadré de bois de dérive. La chaleur et la lumière provenaient de lampes à l'huile, dont il est souvent question dans ' les documents historiques, alors que les fouilles archéologiques témoignent de maisons comprenant de gros foyers intérieurs. La taille des villages variait de une à trente maisons, mais les villages les plus typiques comprenaient de trois à dix maisons.

C'était principalement des maisons hivernales mais les maisons les mieux drainées servaient aussi parfois en été; elles offraient un refuge frais et obscur contre les moustiques et le soleil incessant de minuit. Mais la plupart des gens qui se rendaient à un grand village pour la chasse estivale devait probablement vivre dans des tentes, car leur maison hivernale se trouvait ailleurs. Comme le décrivait l'explorateur Stefansson, Kittegaryuit était un gros village en été. En hiver, les gens se dispersaient.

 

En plus des habitats, les gros villages comprenaient aussi «une maison de danse» ou karigi. D'après les descriptions, ces édifices avaient de cinquante à soixante pieds de long (environ 15 à 20 mètres), une structure en bois de dérive, une entrée recouverte d'une peau de belouga, un grand foyer central, et une plate-forme longeant le mur intérieur. Lieux de cérémonies importantes, ils servaient à la danse ainsi que d'ateliers pour la réparation et à la fabrication des outils.

 

Les habitants - Les chefs

Les nations inuvialuit se conformaient probablement aux mêmes principes que les autres nations voisines, notamment les Inupiat (comme les Inuit ou Esquimaux de nord-est de l'Alaska aiment se désigner), que les documents nous ont fait mieux connaître. Ici une seule famille étendue, comptant souvent plus de cinquante personnes, construisait et contrôlait chaque karigi. Elle avait un chef de famille ou un chef connu sous le nom de ataniq, ou de patron. Un ataniq fortuné et riche était appelé un umialiq, un richard.

 

Chez les Inupiat et les Inuvialuit, ces positions de commandement dépendaient beaucoup de l'habileté, de la générosité et des liens familiaux des individus concernés. Les règles régissant les liens de parenté inuvialuit étaient flexibles et s'adressaient aux gens reliés par le mariage aussi bien que par le sang. Plus l'ataniq (ou l'umialiq) était fortuné et généreux, plus la famille étendue qu'il dirigeait était susceptible de s'agrandir en accueillant d'autres gens qui choisissaient de s'y joindre. Par la logique des choses, un umialiq (ou un ataniq) fortuné n'était pas seulement perspicace et personnellement compétent, c'était un homme avec beaucoup de parents, quelqu'un qui détenait un grand potentiel d'influence. Il favorisait ainsi la tendance de rendre son rôle héréditaire, puisque un fils aîné talentueux pouvait parfois prendre la place de son père. Si l'umialiq gérait bien sa famille, elle prospérait, et aussi longtemps qu'elle prospérait il avait naturellement la main haute sur la richesse produite. Cette richesse découlait à la fois de la chasse et du commerce inter-régional qui était en grande partie contrôlé par les umialit. Par contre, un umialiq infortuné pouvait facilement perdre son influence.

Leurs pouvoirs étaient parfois considérables. Le missionnaire Whittaker a décrit un étrange Eskimau qui s'est rendu à Kittigazuit pour effectuer un paiement au «chef» afin d'obtenir l'autorisation de chasser. De la même façon, on rapporte que l'umialit avait le pouvoir de boycotter le commerce avec les baleinières, et d'exiger un paiement aux capitaines qui désiraient engager «leur» gens. Mangilaluk, qui vivait à Tuktoyaktuk et mourut en 1940, est généralement reconnu comme le dernier véritable «umialiq» de la tradition inuvialuit.

 

Les habitants - L'économie

L'économie des Inuvialuit était centrée sur la chasse et la pêche; ces deux activités formaient le noyau d'une dynamique technologique considérable. Experts à la chasse des mammifères marins, les Inuvialuit avait deux sortes de bateaux: le kayak rapide à un seul passager et le spacieux umiaq; les deux servaient au transport et à la chasse. La chasse au belouga se faisait au kayak; souvent des douzaines d'hommes formaient une ligne et bouchaient l'embouchure de la baie, rabattant une troupe de belougas en avant d'eux. Les animaux effrayés s'échouaient dans l'eau peu profonde où les harponner à mort devenait une affaire de routine. La forme de la baie Kogmalit se prêtait particulièrement bien à ce genre de chasse.

 

 

La chasse à la baleine franche était autre chose; elle allait de pair avec des eaux plus profondes et des bateaux plus grands. L'umiaq était l'embarcation privilégiée pour cette activité; il était propulsé par six ou huit rameurs, souvent des femmes, et comportait un harponneur à la proue et l'umialiq lui-même au gouvernail. Les baleines franches sont habituellement des animaux lents et paisibles, facilement approchables dans leur sommeil à la surface de la mer. Le harpon qui servait à les chasser était une arme immense de deux mètres et demi de long, très pesant et comportant une tête détachable et basculante. Comme l'a décrit l'explorateur Robert M'Clure, témoin d'une chasse à la baleine au large de Cap Bathurst au milieu du XIXe siècle,

Le harponneur cible un poisson (une baleine) et plante dans sa chair une arme qui est rattachée par des lanières en peau de morse à une peau de phoque gonflée. Le poisson blessé est alors harassé sans cesse par des hommes en kayak dont les armes, logées dans la baleine, gênent ses efforts pour s'échapper et épuisent ses forces jusqu'à ce que, au cours de la journée, la baleine meure d'épuisement, au bout de son sang.

 

La chasse au phoque comportait des manoeuvres moins dramatiques. On utilisait diverses techniques, comprenant le harponnage en eaux libres en kayak, ou à la cheminée de respiration à travers la glace en hiver. On attrapait aussi des phoques au filet.

 

Les filets servaient également à la pêche. Fabriqués de fanons de baleines ou de tendons, ils étaient tendus sous la glace en hiver, ou en eaux libres en été, suspendus à des flotteurs en écorce. Lors des températures chaudes, des perches spéciales de vingt à trente mètres de long servaient à tendre les filets depuis la rive. On harponnait aussi les poissons et on les attrapait avec des crochets à travers la glace. La plupart des sites archéologiques inuvialuit sont riches en attirail de pêche et en os de poissons.

 

On chassait les oiseaux aquatiques et les rats musqués à partir de kayaks en utilisant des lance-à-oiseaux et un propulseur. On attrapait les lagopèdes au filet. Cependant, le caribou était l'animal terrestre le plus important, prisé non seulement pour sa chair, mais encore plus pour sa peau qui était nécessaire à la confection des vêtements chauds de l'hiver. Les techniques de chasse comprenaient l'embuscade avec des arcs, les battues communales, et le harponnage aux traverses des cours d'eau, en se servant aussi de kayaks. La meilleure chasse au caribou se faisait aux pieds des Richardsons, à l'ouest du Mackenzie, et dans la région des lacs Esquimaux-rivière Anderson-Cap Bathurst, à l'est. Les groupes qui, à l'instar des Kittegaryumiut, passaient la saison de chasse aux caribous à chasser le belouga devait recourir au troc pour obtenir des peaux.

 

Des temps anciens...  Le Thuléen ancien

Du point de vue de la biologie, de la culture et de la langue, les Inuvialuit sont des Inuit, étroitement apparentés aux autres communautés inuit vivant au sommet du continent nord-américain, du détroit de Béring jusqu'à l'est du Groenland. Tous partagent une origine commune récente à une culture que les archéologues appellent «thuléenne» qui émergea dans le nord-ouest de l'Alaska il y a environ 1100 ans. Au cours des quelques siècles qui suivirent, les pionniers thuléens se répandirent rapidement dans tout l'est de l'Arctique dans une série de migrations qui changèrent du tout au tout la carte ethnique de l'Arctique nord-américain. Le site thuléen indubitablement le plus ancien au Canada est situé dans le sud de l'île de Banks, et remonte à environ 1000 ap.J.-C. Dans moins de deux siècles les chasseurs thuléens s'étaient répandus jusqu'au Groenland.

 

 

Ils ne pénétraient cependant pas dans un territoire inoccupé. La plupart de l'Arctique canadien et du Groenland était le pays des Paléoesquimaux de l'est nommés Dorsétiens par les archéologues. Dans quelques dizaines d'années, sinon quelques siècles, ces derniers disparurent complètement, apparemment condamnés à l'oubli par les nouveaux arrivants plus vigoureux et plus efficaces. Le Dorsétien n'est connu que jusqu'à Dolphin, le détroit de l'Union et la côte occidentale de l'île de Victoria. On a découvert aucun site archéologique remontant à la période pré-thuléenne dans la partie occidentale de l'Arctique canadien; on n'a donc aucune idée claire de l'identité des gens (s'il y en avait) que les premiers immigrants thuléens ont rencontrés dans cette région.

 

Ces premiers ancêtres thuléens des Inuvialuit sont eux-mêmes connus plus par conjecture que par témoignage direct; l'affaissement des terres semble avoir détruit la plupart des sites archéologiques pertinents. Sur les trois cent sites documentés situés entre la frontière de l'Alaska et la baie de Franklin, seulement deux remontent indubitablement à la période thuléenne. Heureusement, le Thuléen est très bien connu dans la plupart des autres régions de l'Arctique, de telle sorte que certaines affirmations générales sont permises au sujet de la culture thuléenne en dépit de la disette locale de renseignements.

 

Des temps anciens... La culture traditionnelle inuvialuit

C'est clair que la culture traditionnelle inuvialuit partage des traits importants avec son ancêtre thuléen. Comme les Inuvialuit, les Thuléens jouissaient d'une culture relativement élaborée centrée sur la chasse, comportant des villages permanents de maisons hivernales de gazon, les karigis, et au moins le début d'une complexité sociale. Il y a aussi des différences nettes. Les sites thuléens sont rares ou absents même dans les régions des hautes terres non menacées par l'affaissement côtier, régions où abondent pourtant des sites inuvialuit plus récents. Il semble raisonnable de supposer que la population thuléenne était significativement plus petite que celle des Inuvialuit, et qu'elle était concentrée sur la côte, là où l'érosion et l'affaissement sont très importants.

 

Les autres différences comprennent une absence d'attirail de pêche chez les Thuléens, et une orientation inuvialuit envers la chasse communale aux belougas en kayak, méthode qui transcende les moyens dont disposaient les Thuléens. L'adoption de ces deux éléments semble avoir constitué le pivot autour duquel s'est effectuée la transition de la culture thuléenne à la culture inuvialuit, événements qui, selon les plus anciennes dates au radiocarbone pertinent aux Inuvialuit, se déroula vers la fin du treizième siècle ap.J.-C.

La culture inuvialuit s'avéra efficace et stable, apparemment beaucoup plus adaptée à l'environnement riverain de l'ouest de l'Arctique canadien que ne l'était la culture de ses prédécesseurs thuléens. Depuis ses origines il y a plusieurs siècles jusqu'au contact européen cinq cents ans plus tard, on dénote très peu de changement dans l'enregistrement archéologique. Mais des changements étaient sur le point de se produire.

 

Jusqu'en 1902. Les explorateurs européens

Les premiers Européens à visiter le pays des Inuvialuit furent des commerçants de fourrure écossais et l'explorateur Alexander Mackenzie qui, en 1789, descendit le fleuve Mackenzie jusqu'à la mer. Malgré les précautions que prenaient ses guides déné pour ne pas rencontrer d'Inuvialuit, il a tout de même aperçu quelques camps abandonnés. Les Déné et les Inuvialuit étaient des ennemis traditionnels, et une fois dans le pays des Inuvialuit (qui traditionnellement commençait à Point Separation à la haute extrémité du delta du Mackenzie), ses guides commencèrent à être excessivement prudents; ils encouragèrent Mackenzie à s'éloigner de l'est du Canal de la rivière qui était bien peuplé et d'affronter plutôt le labyrinthe du moyen delta.

 

 

 

En 1826, la Marine Royale Britannique, déterminée à découvrir un Passage vers le Nord-Ouest, envoya un détachement sous le commandement du Lieutenant John Franklin pour descendre la fleuve Mackenzie. À Point Separation, ce détachement se divisa en deux. L'un, sous Franklin lui-même, emprunta le Canal occidental du fleuve vers la Shallow Bay, et suivit ensuite la côte vers l'ouest en espérant atteindre Point Barrow. L'autre, sous le Dr. John Richardson, emprunta le canal oriental, et se dirigea alors vers l'est en direction de la rivière Coppermine. Les deux rencontrèrent une réception passablement hostile de la part des Inuvialuit, et évitèrent de justesse une effusion de sang (et un massacre potentiel). On doit les plus anciennes descriptions détaillées et écrites des Inuvialuit à cette deuxième expédition de Franklin, spécialement grâce à Richardson, observateur intelligent et parfois sympathique.

La vague suivante d'explorations dans la région a été provoquée par la troisième expédition de Franklin, lancée en 1845 et déclarée perdue en 1848. John Richardson retourna dans l'ouest de l'Arctique à la recherche, mais en vain, de son ancien commandant; ils descendit le fleuve Mackenzie et voyagea vers l'est encore en direction de Coppermine. Les capitaines M'Clure, Pullen, et McClintock le suivirent. Les trois rencontrèrent des Inuvialuit et laissèrent des journaux qui ont été publiés. Dès le début des années 1850, les côtes du pays des Inuvialuit étaient bien explorées (quoique l'existence des lacs Eskimo était encore un sujet de vive controverse) et on pouvait deviner que le changement culturel pointait à l'horizon.

 

Jusqu'en 1902. Le commerce avec les Européens

Le commerce indirect avait déjà largement répandu les biens de commerce européens. Les marchandises en fer des Russes étaient en circulation vers la fin du XVIIIe siècle, transportées dans l'est par le détroit de Béring et par l'intermédiaire des Inupiat alaskains. À ces biens de commerce indirect s'ajoutaient, vers la fin des années 1820, les marchandises de la Compagnie de la Baie d'Hudson, dont le commerce suivait la rivière à partir du fort Good Hope (établi en 1826) et était effectué par les commerçants des Indiens du Lièvre.

 

En 1840, la Compagnie de la Baie d'Hudson établit un poste à la rivière Peel (appelé le fort MacPherson par la suite) sur la basse rivière Peel juste en amont de Point Separation. Pendant ses dix premières années d'existence, il n'attira que des Gwich'in; les Inuvialuit demeuraient réticents au commerce direct. Mais au début de la décennie de 1850, ils commencèrent à visiter le fort en nombre toujours croissant. Ce commerce a entraîné un effet bénéfique immédiat, voire la suspension des hostilités envers les Gwich'in, même si les deux demeurèrent réciproquement suspicieux et méfiants.

La grande partie de ce nouveau commerce impliquait des peaux de renards blancs et rouges, échangées contre des objets tels que des hameçons en métal, des perles de verre, des chaudrons en métal (souvent découpés pour servir de source de métal), des couteaux en fer, des hachettes, et par-dessus tout du tabac. Initialement la Compagnie de la Baie d'Hudson, tout comme leurs alliés déné, craignaient les Inuvialuit qui étaient plus enclins à la guerre que les autres Inuit canadiens. Pour cette raison la vente des armes à feu fut expressément interdite mais, dans les années 1850, les Inuvialuit mirent la main sur quelques fusils, provenant principalement des Indiens du Lièvre qui entretenaient de meilleurs rapports avec les Inuvialuit de l'est que les Gwich'in à l'égard des habitants du fleuve Mackenzie. Vers les années 1870, ce moratoire fut aboli et l'usage des fusils commença à devenir régulier. Ce qui ne fut cependant pas le cas de l'alcool dont l'attitude négative des anciens Inuvialuit à son endroit n'en favorisait apparemment pas le stockage en grande quantité dans aucun poste éloigné du nord.

 

Jusqu'en 1902. La fermeture du fort Anderson

En 1861, la Compagnie de la Baie d'Hudson amplifia ses activités dans la région et ouvra le fort Anderson sur la rivière Anderson, visant exclusivement le commerce Inuvialuit. C'était dans le but, qui a d'ailleurs été couronné de succès, d'amener les Inuvialuit de l'est dans l'orbite directe de la Compagnie. Ces Inuvialuit de l'est «redoutaient leurs concitoyens turbulents» qui vivaient dans la région du fleuve Mackenzie et qui dépendaient toujours du commerce indirect avec les Indiens du Lièvre plutôt que de visiter le poste de la rivière Peel. Ils en vinrent donc à visiter le fort Anderson et le poste eut du succès pendant les premières années. Cependant, en 1866, on l'abandonna en raison de la diminution des revenus et de la difficulté des approvisionnements par voie terrestre depuis le fort Good Hope. Les ordres de l'abandonner furent transmises secrètement pour éviter la colère des Inuvialuit, selon la remarque même du chef Factor Hardisty, «on devrait prendre soin que les Esquimaux ne perçoivent aucun signe de nos desseins avant de partir pour la côte de la mer.»

 

Les raisons de cette colère ne sont pas difficiles à deviner. L'année précédente la région de la rivière Anderson avait été frappée par une sérieuse épidémie d'une maladie contagieuse, probablement la rougeole. D'après le missionnaire Émile Petitot,«...à cause de la rougeole tous les Esquimaux fuyaient les rives de la rivière Anderson et cherchaient refuge sur les rives de la baie de Liverpool et de la baie Franklin... Il y eut 28 décès de la rougeole sur la rivière Anderson... et personne ne peut dire combien décédèrent sur la côte de la mer Arctique.» La Compagnie de la Baie d'Hudson rapporta que «les Esquimaux étaient exaspérés contre les Blancs, à cause du nombre de personnes décédées de la rougeole et qu'ils imaginaient le mauvais sort des Blancs d'en être la cause.»

 

La fermeture du fort Anderson semble avoir causé une rupture réelle de l'économie chez ceux qui étaient maintenant accoutumés à la Compagnie de la Baie d'Hudson et à ce qu'elle avait à leur offrir. Au lieu de retourner à un commerce à basse échelle avec les Lièvres, même les Inuvialuit de l'est commencèrent alors à faire le trajet annuel au poste de la rivière de Peel. En 1866, l'année de la fermeture du fort Anderson, Petitot compta 250 «Esquimaux de l'Anderson» au poste de la rivière de Peel. L'identité du groupe semble avoir été sur le point de s'embrouiller; vers l'hiver 1870, on rapporta que les bandes du fleuve Mackenzie et de l'Anderson hivernèrent ensemble, les deux frappées de maladie et «campèrent sur la glace à chasser le phoque.» L'année suivante, ils furent victimes d'une épidémie de petite vérole, et année après année, les victimes augmentaient. «Nous mourons tous,» rapporta un chef inuvialuit dans les années 1870, «on s'éteint progressivement de jour en jour.»

 

Jusqu'en 1902. L'isolement des Inuvialuit

Ce fut durant la période des opérations de la Compagnie de la Baie d'Hudson au fort Anderson que les Inuvialuit furent pour la première fois exposés à la chrétienté, quoique il est douteux qu'ils en aient été conscients. Le missionnaire catholique romain Émile Petitot a fait plusieurs tentatives brèves mais déterminées à faire du prosélytisme dans les années 1860 et 70, mais en vain. Un missionnaire anglican, William Bompas, visita aussi les Inuvialuit (en 1870?), mais aussi très brièvement, «tel un espion sondant le territoire.»

En dépit d'une dépendance économique étroite avec la Compagnie de la Baie d'Hudson, en dépit de plusieurs épidémies de maladies et d'autres changements culturels considérables, les Inuvialuit demeuraient encore à différents points de vue très à l'écart du monde extérieur, même dans les années 1880. Plus spécifiquement, ils n'avaient reçu que de très rares visites dans leur pays de la part d'étrangers. Petitot et Bompas sont ceux qui, à notre connaissance, ont même passé la nuit dans une maison inuvialuit; ils étaient certainement des invités peu fréquents.

Dans les négociations avec la Compagnie de la Baie d'Hudson, c'était les Inuvialuit qui voyageaient, puisque la rivière de Peel et même le fort Anderson étaient situés hors du territoire traditionnel inuvialuit. Le comte anglais de Lonsdale, un explorateur frauduleux à plusieurs titres, fut probablement le premier européen à mettre le pied à Kittigazuit, aussi récemment qu'en 1888. Mais cet isolement relatif (au moins dans leu propre pays) ne devait pas durer.

 

Jusqu'en 1902. L'arrivée des baleiniers

En 1889, l'année après la visite de Lonsdale, le premier baleinier pénétra dans les eaux de l'Arctique canadien, rattaché à la flotte de baleiniers de la mer américaine de Beaufort basée à San Francisco et Seattle. On rapporta que les baleines franches «fourmillaient comme des abeilles,» et vers 1894 quinze baleiniers hivernèrent à l'île Herschel. Certains hivernèrent jusqu'au Cap Bathurst et la baie de Franklin et en 25 ans, de 1890 jusqu'à la première guerre mondiale, ils attrapèrent environ 1500 baleines franches dans les eaux canadiennes. Par le fait même, et en dépit d'intentions souvent amicales, ils détruisirent la culture traditionnelle des Inuvialuit et furent responsables du quasi extermination de ce peuple. Les baleiniers avaient percé l'isolement des Inuvialuit.

 

L'impact des baleiniers a touché presque tous les aspects de la vie. Ils étaient capables d'importer de larges quantités de marchandises de commerce peu coûteuses, débordant de plein flanc la Compagnie de la Baie d'Hudson avec ses routes intérieures d'approvisionnement. En 1893 (?) à l'ouest du Mackenzie, le voyageur Frank Russell rencontra des Inuvialuit qui s'étaient rendus à l'île Herschel pour commercer avec les baleiniers. Ils avaient plusieurs grands sacs de farine («autant que le stock annuel de certains postes nordiques»), une nouvelle tente en toile, du sirop et du café («des items plutôt inconnus à l'intérieur des terres»). Les baleiniers en arrivèrent rapidement à supplanter les umiaqs traditionnels, les carabines à répétition devinrent d'un usage commun, et même les vêtements étaient importés. Russell décrit les Inuvialuit à l'île Herschel habillés de chapeaux à large bord, et «de pantalons de flanelle rouge serrés par dessus leurs pantalons en peaux de chevreuil.» La fouille d'une maison inuvialuit à l'île Herschel datant des années 1890 n'a livré qu'un seul item de fabrication artisanale. L'alcool a été reçu avec enthousiasme au point que l'île Herschel devint rapidement une «ruche de débauche.»

À cette époque, les animaux qui supportaient l'économie traditionnelle étaient décimés. Les baleines franches, la denrée principale de plusieurs Inuvialuit, disparut presque complètement, et les troupeaux locaux de caribous accusèrent un déclin subit. Heureusement les stocks de poissons et de belougas ne furent pas sérieusement menacés, et il y eut peu de famine extrême.

 

Jusqu'en 1902. L'arrivée des Nunatamiut

Sur la trace des baleiniers arrivèrent en grand nombre les Inupiat d'Alaska, connus sous le nom de Nunatamiut («gens de l'intérieur») car beaucoup venaient du nord intérieur de l'Alaska. L'équipage des baleiniers considérait que les Inuvialuit étaient de piètres chasseurs de caribous et préférait plutôt engager des chasseurs de caribous alaskains pour assurer leur approvisionnement en hiver. Les besoins étaient si importants que, durant l'hiver de 1894/95, la plupart des habitants de Point Barrow, en Alaska, et presque 100 personnes de Point Hope voisin, ont été employés par les baleiniers à l'île Herschel. Beaucoup de «Nunatamiut» fuyaient en fait un effondrement de la population de caribous dans l'ouest de l'Alaska, un désastre qu'ils semblaient apporter avec eux.

Les rapports entre les Nunatamiut et les Inuvialuit n'ont pas été très harmonieux de prime abord. On n'appréciait pas les Nunatamiut parce qu'ils utilisaient du poison pour le piégeage, et les violentes représailles, quoique formulées, n'étaient jamais exécutées.

Une histoire traditionnelle Inuvialuit de cette période raconte que les Inuvialuit avaient remarqué que les Nunatamiut se déplaçaient vers l'est dans le delta du Mackenzie. Par crainte que les Nunatamiut découvrent l'excellente chasse qu'offrait le troupeau de caribous Bluenose à l'est du fleuve, un chaman inuvialuit fit dévier le troupeau pour le cacher. Malheureusement, il le cacha si bien que le troupeau prit plusieurs années avant de retourner à son ancien habitat.

 

Jusqu'en 1902. Les missionnaires

Les missionnaires chrétiens arrivèrent plus nombreux dans le sillage des baleiniers, principalement des anglicans cette fois, et leurs efforts donnèrent de meilleurs résultats que ceux de Petitot et de Bompas une génération plus tôt.

 

En 1892, le Révérend Stringer commença à visiter régulièrement les Kittigazuit et deux ans plus tard lui et son successeur, Charles Whittaker, établirent des missions permanentes à Kittigazuit, à l'île Herschel, à Shingle Point et à d'autres endroits.

Les enseignements des missionnaires eurent bientôt un profond effet sur le système de croyances autochtone, et vers 1898 Stringer avait une congrégation de vingt à trente personnes à l'île Herschel. Le premier baptême, cependant, n'eut pas lieu avant 1909.

 

Jusqu'en 1902. - Les épidémies

Le pire cadeau des baleiniers fut la maladie. Quoique les documents ne rapportent pas tous les détails, les Inuvialuit semblent avoir souffert de plusieurs épidémies durant les années 1890, atteignant un sommet lors de deux épidémies dévastatrices de rougeole en 1900 et en 1902. Kittigazuit et d'autres villages ont été abandonnés à ce moment, et les rapports policiers indiquent que la population inuvialuit a tombé d'environ 2500 personnes au début du XIXe siècle à 250 personnes en 1905, réduite de nouveau à 150 vers 1910. Un survivant, Nuligak, se souvient.

 

Cet été là les Kitigaruit tombèrent malades et plusieurs moururent. Presque toute la tribu périt, parce que seulement quelques familles survécurent. Pendant ce temps, deux Esquimaux passèrent tout leur temps à ensevelir les morts... Les cadavres étaient déposés sur le sol sans cercueil, tels qu'ils étaient. Comme je ne pouvais pas les compter, je ne m'aventurerai pas à donner un nombre; mais je sais que lorsque les gens laissèrent Kiklavak (sur la côte orientale de l'île Richards) ils n'étaient qu'une poignée comparativement au nombre qu'ils avaient été. C'était en 1902...

L'hiver arriva, et un jour on vit, au loin sur la glace, une immense meute de loups se dirigeant vers l'est. Il y avait tant de loups que le dernier se trouvait encore en face de nous alors que les premiers avaient déjà disparu à l'horizon à l'est. On disait qu'ils avaient fait un festin de tous les corps qui avaient été abandonnés dans le pays de Kitigariuit.

 

La survie

De toute façon les Inuvialuit ont survécu, et avec des meilleurs services médicaux, quelques immunités naturelles chèrement acquises, un bon nombre de Nunatamiut et plus d'inter-mariages exotiques, la population avait rebondi à environ 3000 personnes, probablement un peu plus que la population originale de la région au moment du contact européen cent cinquante ans plus tôt.

 

La plupart sinon tous les Inuvialuit sont de descendance mixte, locale et alaskaine, même si quelques familles et communautés s'identifient plus à un héritage qu'à l'autre. Le dialecte aborigène des Inuvialuit (Siglitun), par exemple, survit mieux dans les communautés situées plus à l'est comme à Tuktoyaktuk, à Paulatuk et à Sachs Harbour, alors que le dialecte des nouveaux arrivants d'origine alaskaine - l'Uummarmiutun - est parlé principalement à Aklavik et Inuvik.

Récemment ces cinq communautés, avec le petit village de l'Arctique central de Holman sur l'île Victoria, se sont fusionnées pour signer une entente territoriale avec la Gouvernement fédéral canadien. Appelée Entente finale des Inuvialuit, elle a été signée en 1984 et règle essentiellement tout l'ouest de l'Arctique canadien. Pour la première fois en cent ans, les Inuvialuit sont de nouveau maîtres chez eux.

 

À propos du chercheur

David Morrison détient un doctorat en archéologie de l'Université de Toronto et il est conservateur de l'archéologie des Territoires du Nord-Ouest (District de Mackenzie) au Musée canadien des civilisations.

Il est l'auteur de plusieurs livres et publications scientifiques sur l'histoire et la culture Inuit. Il a aussi fait vingt ans de recherche sur le terrain dans l'Arctique.

 

 

Les Inuit qui vivent dans l'ouest de l'Arctique canadien aiment s'appeler «Inuvialuit» ou «les vrais êtres humains.» Leur territoire s'étend des frontières de l'Alaska jusqu'au golfe d'Amundsen à l'est et à la limite occidentale des îles de l'Arctique canadien. C'est un territoire de toundra vallonné et de montagnes rocheuses élevées, traversé par le labyrinthe du delta du fleuve Mackenzie.

Les maladies infectieuses d'origine européenne ont fortement perturbé la culture traditionnelle des Inuvialuit à la fin du XIXe siècle, avant qu'on ait eu l'occasion de consigner par écrit les observations détaillées de leur mode de vie. Ce que nous savons a été glané des histoires orales traditionnelles, de la recherche archéologique, des documents rédigés par divers explorateurs du XIXe siècle ou par des marchands de fourrure ou encore par des missionnaires qui ont visité l'ouest de l'Arctique. 


18/01/2013
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